La surveillance des risques d’entreprise préoccupe les banques

Encore affaiblies par les conséquences de la crise pandémique, de la crise énergétique récente et du contexte géopolitique troublé, les entreprises sont désormais en butte à la hausse des taux et de l’inflation qui pèse sur la demande. De nombreux secteurs sont désormais vulnérables. Il n’a jamais été aussi crucial pour les banques de détecter très tôt les prémices d’une dégradation du portefeuille.
Elles sont en réflexion, sinon en action sur le sujet, d’autant que le régulateur est en attente d’évolution des dispositifs de surveillance face aux risques de défaillances d’entreprises. Le renforcement significatif de de cette surveillance s’impose et passe par l’amélioration de quatre axes fondamentaux d’amélioration.
La revue du modèle organisationnel des différentes lignes de défense peut être la première étape du renforcement du dispositif de surveillance. Cette évolution doit permettre de mobiliser plus efficacement et rapidement les ressources opérationnelles dans le but d’identifier, à partir de la connaissance conjointe du client, du secteur et de la transaction, les signaux précoces de la détérioration financière des entreprises. Une organisation flexible permettra d’organiser efficacement les actions à mener, comme la revue des informations financières, les projections et la revue sectorielle, en fonction des différents événements de marché. Cette organisation doit prendre en compte l’automatisation des tâches à faible valeur ajoutée afin de permettre aux équipes de se concentrer sur les aspects qualitatifs des analyses et la prise de contact avec les clients.
Il n’a jamais été aussi crucial pour les banques de détecter très tôt les prémices d’une dégradation du portefeuille
Le renforcement du dispositif doit également intégrer des signaux prospectifs. L’objectif est d’améliorer l’identification, le plus en amont possible, les difficultés financières des entreprises, y compris leur défaillance. Cette identification doit s’appuyer sur un socle « traditionnel » d’indicateurs de détérioration précoce et complété par un ensemble de nouveaux indicateurs « prospectifs ». Grâce à l’évolution technologique rapide (l’intelligence artificielle, IA, et le traitement automatique du langage naturel, NLP) et un accès accru à de nouvelles sources de données, internes et externes, des indicateurs de nouvelle génération sont désormais envisageables. Ils prennent en compte la dimension commerciale, la transaction, le contexte économique et géographique. De plus, les nouvelles technologies permettent d’entrevoir l’inclusion de nouveaux facteurs de risque tels que les aspects climatiques, notamment pour les entreprises les plus exposées au risque physique (inondation et sécheresse).
Afin d’alimenter les informations remontées aux différentes équipes, les aspects normatifs de chaque donnée (interne ou externe) nécessaires au dispositif de surveillance doivent être revus. L’objectif est de faire converger les définitions et leur utilisation dans la banque. L’harmonisation des données doit permettre une consolidation de l’information plus efficace. Ainsi, le nombre de signaux dit « faux positifs » pourra être revu à la baisse, les collaborateurs gagneront en productivité sur les tâches essentielles et sur la prise de décision.
En complément, avec l’acquisition de portefeuilles et le développement de nouvelles activités, les banques disposent d’un héritage lourd et non optimisé en termes de système d’information. Lorsque la refonte est envisagée, il est nécessaire de prendre en compte la complexité grandissante des reportings et les nouveaux besoins, comme le suivi de la valeur des sûretés et le suivi des clauses contractuelles pour les covenants.
Enfin, afin d’observer les tendances dans le temps, la disponibilité de l’information constitue un enjeu majeur pour l’analyse des comportements et l’identification de la détérioration de la santé financière.
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