En dette privée, les investisseurs se voient désormais proposer de la dette « unitranche synthétique », « stretched senior », auprès de quoi mezzanine, second lien et autres « PIK » (payment in kind) font figure de grands classiques. Bien malin qui peut prédire dans ces conditions sa subordination en cas de problème. Il est vrai que les fonds à l’affût d’un peu de rendement sont pléthore et les opportunités rares. Si aux débuts de la désintermédiation, on s’attendait à voir caler les nombreux fonds levés sur ce thème, ils sont déployés à 80 %. A quel prix au juste, l’avenir le dira car, pour l’instant, les avertissements des superviseurs sur la montée du levier n’ont pas l’air de perturber le mouvement.
Allemand. Le marché du placement privé de dette Schuldschein « se remet d’un premier trimestre nerveux », notamment sous le coup des soucis financiers des émetteurs Carillion et Steinhoff, souligne Scope Ratings. Grâce à une accélération au deuxième trimestre, le marché totalise en 2018 à fin juin plus de 50 transactions pour plus de 8 milliards d’euros. De quoi, pour l’agence, confirmer son attente d’un volume d’émission voisin de 20 milliards sur l’exercice. Les émetteurs allemands ont représenté 71 % (83 % avec les autrichiens) du marché au semestre écoulé (voir illustration), contre 57 % sur l’année 2017. Scope Ratings n’en relève pas moins des premières opérations par des groupes nordiques, permettant aux banques SEB, Danske et Nordea de faire leur entrée sur le marché en tant qu’arrangeuses.
C’est le montant, en dollars, qu’Ant Financial, le bras financier du géant chinois du commerce en ligne Alibaba, vient de lever à l’occasion du plus important tour de table privé jamais réalisé. Le propriétaire d’Alipay a collecté cette somme auprès de GIC, Temasek, du fonds souverain malaisien, de CPP ainsi que de fonds de private equity comme Warburg Pincus, T.Rowe Price, ou encore Silver Lake. Selon Reuters, ce tour de table valorise la société autour de 150 milliards de dollars. Sa maison mère Alibaba détient elle-même le record pour une levée de fonds publique, avec environ 25 milliards de dollars levés lors de son IPO en 2014 à Wall Street.
« Nos territoires connaissent une transformation radicale, la Caisse des dépôts (CDC) se transforme en conséquence pour mieux les servir », a déclaré son directeur général adjoint Olivier Sichel. C’est dans cette logique que vient d’être lancé officiellement la Banque des territoires, qui rassemble les offres de la CDC à destination du logement social et des collectivités. La capacité d’investissement de l’institution s’élèvera à 20 milliards d’euros par an en moyenne. Afin de mieux servir les territoires, « un rapprochement entre la Banque Postale, la CDC et la Banque des territoires peut parfaitement être envisagé », a par ailleurs déclaré le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire.
Les banques françaises ont représenté près de la moitié de la hausse des crédits aux sociétés non financières (SNF) et aux ménages de la zone euro en 2017, avec 139,4 milliards d’euros sur un total de 297,2 milliards selon le bulletin mensuel de la Banque de France. Soutenus par des taux d’intérêt bas et par le programme d’achats de titres publics par l’Eurosystème, les concours aux secteurs privé et public constituent les principales sources de création monétaire, aussi bien en France qu’en zone euro.
Plus de 90 millions de livres sterling ont été engloutis dans la faillite de Carillion au titre d’une opération de reverse factoring (affacturage inversé) octroyée par Santander, comme l’indique le Financial Times du 14 mai dernier. De fait, les banques espagnoles sont adeptes de ces financements en forme d’escompte accordés aux fournisseurs de grands groupes, avec l’idée de les faire bénéficier de la signature de son donneur d’ordre, présumé sans risque. Ce dernier obtient ainsi des délais de paiement aux fournisseurs – 120 jours pour Carillion, le double de ce que prévoit la règle européenne –, tout en ne faisant pas apparaître ces financements dans ses dettes financières. Les grandes firmes mettent en avant la solidarité témoignée à leurs petits fournisseurs avec ces montages. Sauf qu’en cas de problème, la facilité bancaire est brutalement retirée et les fournisseurs font face au risque de leur client sans en avoir pressenti la dégradation. Le défaut de Carillion montre toute la valeur d’un simple paiement ponctuel, sans intérêts ni commissions à payer à de multiples intermédiaires…
Succession. La Réserve fédérale de New York a lancé la semaine dernière le SOFR (Secured Overnight Financing rate), censé remplacé le Libor (London Interbank Offered Rate) dollar utilisé pour fixer les taux d’instruments financiers tels que les emprunts bancaires, obligataires et les produits dérivés. Alors que le calcul du Libor s’appuie sur les financements interbancaires au jour le jour, dont les volumes ont fortement baissé ces dernières années, le SOFR reflète quant à lui les opérations de prises en pension (repos) au jour le jour du Trésor américain, dont les volumes quotidiens dépassent régulièrement les 800 milliards de dollars. Le CME a annoncé qu’il lancerait le 7 mai des contrats futures indexés sur le SOFR, de périodicité trimestrielle. De son côté, le Comité des taux alternatifs de référence (ARRC) a prévu la création de taux à terme de référence basés sur le SOFR pour fin 2021.
Certification. A l’issue d’une phase d’expérimentation de huit ans au Maghreb, la norme MSI 20000 de certification de performance et de solidité financières des entreprises engage son envol international. Objectif : 45 pays couverts d’ici 5 ans. L’ONG suisse MSI fixe les règles du jeu, à savoir les niveaux à atteindre sur 5 ans sur 68 indicateurs spécifiques à chacun des 44 secteurs d’activité des candidats. L’examen est mené par des spécialistes indépendants accrédités comme Dekra ou SGS. La nouvelle norme est, selon ses promoteurs, complémentaire des travaux des analystes financiers, agences de notation ou auditeurs comptables, sur la base d’une totale objectivité soutenue par le règne des algorithmes mathématiques définis en toute transparence et réplicabilité. La standardisation est revendiquée. L’entreprise certifiée pourra utiliser la radiographie produite comme outil de pilotage, voire de communication.