C’est le montant du fonds levé par Eiffel Impact Debt auprès de 26 grands investisseurs, qui dépasse largement l’objectif de 400 millions. Lancé en janvier 2020, le fonds présente l’originalité de prendre en compte aussi bien les critères financiers que ceux d’impact pour choisir ses cibles. Il finance des ETI pour des montants de 10 à 100 millions d’euros et a déjà réalisé 14 investissements pour un montant total représentant le tiers des fonds levés. L’équipe prévoit une utilisation totale des fonds d’ici à la fin de l’année.
C’est la part des sociétés non suivies par au moins un analyste financier, selon la troisième édition de Mifidvision qui vient d’être publiée. Cette plateforme associe les grandes associations de place impliquées par la problématique de la recherche financière que MIF 2 a contribué à appauvrir depuis 2018. On recensait 1.960 études sur les sociétés d’Euronext Paris en 2018, puis 1.732 en 2019 et 1.683 en 2021. Bonne nouvelle toutefois, les professionnels de l’analyse à Paris s’européanisent. Les retombées négatives de MIF 2 concernent surtout les small et midcaps et Mifidvision s’emploie à promouvoir la recherche sponsorisée (payée par l’émetteur) avec un cadre adéquat de bonnes pratiques.
Ebullition garantie aux journées Viva Technologies, un des premiers événements du monde des affaires où les acteurs ont pu se rencontrer réellement. Apparemment, ce n’est pas si simple. Ainsi, Kyriba semble avoir abordé avec précaution ce nouveau rivage. Le leader des solutions de gestion de trésorerie dans le cloud avait organisé une compétition express entre une demi-douzaine de fintechs proposant des services pouvant compléter sa plateforme. Or le prix est allé à une solution de lutte contre la fraude – sujet majeur il est vrai – mais dont un membre du jury avait œuvré au lancement dans un précédent poste. De quoi chiffonner l’esprit concours de l’exercice, même si la fidélité à une solution construite avec persévérance est compréhensible…
Croissance. Historiquement présent lors des premiers tours de table de start-up, Balderton Capital élargit son champ d’intervention. La société de gestion vient d’annoncer le lancement de Balderton Growth I, son premier fonds dédié à accompagner les jeunes entreprises à passer du statut de start-up à scale-up. Ce fonds, de 680 millions de dollars, investira des tickets de 25 à 50 millions de dollars dans une quinzaine de start-up européennes destinées à devenir des leaders mondiaux. Il sera dirigé par Bernard Liautaud, chez Balderton depuis 2008, ainsi que par les recrues de l’an dernier Rana Yared, une ancienne de Goldman Sachs, et David Thévenon, passé par Google puis Softbank où il a été membre fondateur et associé de Vision Fund. Sur l’ensemble de ses activités, Balderton compte actuellement une centaine d’entreprises en portefeuille, dont 10 licornes.
Digital. L’heure est au bilan de la saison 1 du reporting Esef (format électronique unique européen), nouveau standard digitalisé d’information réglementée des sociétés cotées. Le report optionnel d’un an n’a pas empêché certaines d’entre elles de déposer auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) des comptes 2020 au nouveau format (xHTML avec des états financiers primaires consolidés balisés en iXBRL). Au 11 juin, 69 (à l’image de Fnac Darty, photo), sur 500 concernées, ont franchi le pas, dont 38 membres du SBF 120 et 14 du CAC40. La consultation (présentée le 18 juin) menée par Labrador, qui accompagne les sociétés dans leur information, pointe que le principal écueil rencontré a été celui du choix de l’outil, suivi de la gestion de projet, la maîtrise du sujet, le processus de certification par les commissaires aux comptes ou la maîtrise de la donnée. L’étude révèle qu’une majorité (58 %) a simplement souhaité répondre à l’obligation réglementaire, mais que 51 % tout de même y voient une opportunité de faire évoluer la qualité de leur information.
Risque. Les banques prennent-elles bien en compte le risque lié aux émissions de CO2 ? La Banque des règlements internationaux (BRI) s’est penchée sur la question, en croisant intensité des émissions de gaz à effet de serre et données du marché des prêts syndiqués. Il existe bien une « prime carbone » liée aux émissions directement émises par les entreprises, dites de niveau 1, et qui va de 3 à 4 points de base (pb) et peut atteindre 7 pb pour les entreprises les plus émettrices. Une prime « basse au regard des risques impliqués », remarque la BRI, qui souligne que les émissions de niveau 2 (liées à la consommation d’électricité de l’entreprise) et de niveau 3 (les émissions indirectes, liées aux chaînes de valeur et à l’utilisation des produits de l’entreprise) ne sont pas prises en compte. Si le prix du carbone remontait à 100 dollars, un niveau élevé mais qui pourrait être nécessaire pour respecter l’Accord de Paris, les entreprises très émettrices pourraient pourtant perdre entre un et dix points de pourcentage de marge. Un impact que les « primes carbone » actuelles sont loin de pouvoir couvrir.
Même rendu à sa pleine marge de manœuvre avec le Brexit, le Royaume-Uni reste décidément difficile à déchiffrer. Voilà qu’il prévoit de rétrograder sur la règle de l’unbundling, le découplage de la facturation entre le courtage et l’analyse financière. Une mesure qu’il a imposée de force dans la réglementation sur les Marchés d’instruments financiers, MIF 2, mettant en avant les principes indépassables d’indépendance et de transparence. Sitôt la partition de l’Europe actée, les autorités de marché britannique annoncent que, suite à la baisse d’un tiers de la recherche financière consacrée aux valeurs petites et moyennes, l’obligation de découplage pourrait être supprimée pour ce segment de marché. Ironie de l’affaire, l’Europe des 27 vient de décider, dans une directive applicable début 2022, de prendre exactement la même mesure pour tenter de sauver le marché des midcaps. En espérant que les dégâts soient réversibles…
Défaillances. La Caisse d’Epargne Ile-de-France crée sous ce nom une « banque judiciaire » pour accompagner les chefs d’entreprise et les professionnels en difficulté pendant une période de sauvegarde, de redressement judiciaire ou pendant un plan de continuation. De quoi faire face à la multiplication des procédures attendue quand les aides publiques vont se réduire avec la reprise en vue. Depuis le début de la pandémie, les procédures ont chuté de 40 % en Ile-de-France. La structure veut aider les dirigeants d’entreprises en difficulté à poursuivre leur activité et les accompagner dans les démarches complexes des procédures collectives, dans la définition d’un plan de sauvegarde ou de redressement sur une période dite d’observation de 6 mois à 18 mois.
Le courtier en matières premières a lié le coût d’un crédit bancaire à sa performance RSE. En attendant d’étendre ce principe à un USPP, voire au-delà…
... d’euros, c’est le besoin d’apport externe de fonds propres estimé par la Banque de France pour les entreprises à soutenir, c’est-à-dire celles qui présentaient avant la crise une situation saine et dont il faut rétablir des ratios prudents. Parmi ces 50 milliards, une grande partie pourrait être financée par l’appel au marché et le private equity selon le superviseur, tandis que, compte tenu de la taille réduite de nombre d’entreprises, un dispositif public de 20 milliards environ doit venir appuyer celles-ci.
Rien de moins que Saint Exupéry en arrière-fond : les éditions Dunod font paraître cette semaine « Dessine-moi la compta », dont l’auteur, Isabelle de Kerviler, prend pour référence le célèbre « Dessine-moi un mouton » afin d’inviter le grand public à se familiariser avec la comptabilité. Dans l’ouvrage, un jeune garçon apprend pas à pas la comptabilité avec l’aide de sa mère expert-comptable. Las, c’est bien plutôt une référence à la mythologie, Médée en l’occurrence, qui aurait été adaptée pour restituer tous les troubles semés par les IFRS dans nos esprits européens. Inspirées par les Américains et appliquées par les Européens, ces normes apparues en 2005 ont déclenché tant de problèmes qu’elles font figure de machine – voire de machination – infernale et leur évocation sert de repoussoir quand on songe à d’autres standards, comme ceux de Bâle, que les Européens s’épuisent à appliquer alors que leurs inspirateurs les ignorent. A présent, la hantise du Vieux Continent est de voir la malédiction se poursuivre avec les normes extra-financières… L’histoire de la comptabilité ressemble plus à celle des Atrides qu’à celle d’une rose dans le désert…