Bonne nouvelle, le Conseil constitutionnel a validé les dispositifs législatifs « anti-Huawei ». Les opérateurs télécoms français qui les contestaient, SFR et France Telecom, notamment dans le cadre de l’exploitation des réseaux mobiles 5G, ne sont pas de cet avis bien sûr. Mais il s’agit de « préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale », ont argumenté les Sages. A cette bonne raison de freiner le mouvement sur la 5G, on pourrait ajouter que s’il s’agit de pouvoir commander son repas en voiture ou de faire de la vidéo un usage compulsif, autant s’abstenir. Mais pas besoin d’aller chercher si loin alors que le groupe Carrefour a été défendu par l’Etat face à l’étranger Couche-tard parce qu’il constitue un élément de la sécurité alimentaire : le champ des intérêts nationaux à défendre est large…
C’est le pic qu’atteindront les défaillances des entreprises de catégorie spéculative en mars prochain, selon Moody’s. Par la suite, ce taux de défaut va décroître, sous l’effet des vaccinations et des aides d’Etat, pour atteindre 4,7 % en fin d’année : un niveau supérieur à la moyenne historique de 4,2 % enregistrée depuis 1983, conséquence de la part accrue des notations situées en bas de l’échelle parmi les entreprises analysées par les agences. En 2021, les services aux entreprises, l’hôtellerie, les jeux et les loisirs seront les premiers secteurs concernés alors que l’an dernier, les secteurs pétrole et gaz, la distribution et les services aux entreprises ont été les plus touchés.
Avancer. Notre pays a figuré l’an dernier au deuxième rang, derrière l’Italie, des investissements consentis par la Banque européenne d’investissement (BEI). La France en a engrangé 48 % au titre de l’action climatique, axe fort de son activité. L’investissement global dans l’Hexagone a atteint près de 4,3 milliards d’euros orientés vers le soutien à l’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables, et l’atténuation des effets du changement climatique.Autre axe majeur de l’organisme européen, l’innovation, avec 2,2 milliards d’euros d’investissements pour la BEI et 462,5 millions d’euros pour le Fonds européen d’investissement, en vue de soutenir le développement et la compétitivité de futurs champions européens, de PME comme de très petites entreprises. En parallèle, la BEI a déployé près d’un quart de ses investissements, de 10 milliards au total, pour mettre en œuvre des mesures d’urgence en faveur des secteurs privés et public affectés par la crise sanitaire.
Déséquilibre. La crise du Covid-19 a eu un impact significatif sur les bilans des entreprises de l’Union européenne et, avec l’arrivée des vaccins et la perspective de la fin de la pandémie, l’AFME (Association pour les marchés financiers en Europe) et PwC ont publié un rapport sur les besoins de recapitalisation de ces sociétés. Ils évaluent à 1.000 milliards d’euros le manque de fonds propres dans l’UE alors qu’entre 400 et 550 millions d’euros seulement d’equity et d’instruments hybrides seront disponibles au cours des deux prochaines années sur les marchés public et privé. L’AFME appelle donc, entre autres, à développer un instrument commun de recapitalisation au sein de l’UE, à accroître le recours aux instruments hybrides, à développer la collaboration entre les pouvoirs publics et le secteur privé, notamment via la création d’un fonds européen dédié, à mettre en place des incitations fiscales et réglementaires, et à accélérer les projets d’harmonisation européens, au premier rang desquels l’Union des marchés de capitaux.
Nouveaux venus. Le marché du Schuldschein « a pris froid » en 2020 mais « pourrait retrouver la forme » cette année, estime Sebastian Zank, analyste de ce placement privé chez Scope Ratings. De fait, le marché a chuté d’un tiers, tant en nombre d’opérations bouclées, à 108, qu’en montants levés, à 19 milliards d’euros. L’analyste anticipe un volume d’au moins 20 milliards en 2021, sous l’impulsion d’une part significative de refinancement, d’émetteurs débutant sur le marché et plus diversifiés géographiquement. L’année démarre bien selon lui, grâce notamment aux nouveaux venus et à ceux soucieux de placements durables. En témoignent le placement ESG de Traton, filiale de Volkswagen, ou le baptême du feu de Trafigura. « La confiance des investisseurs pour ce marché de niche reste forte », pointe l’analyste. La partie pourrait se révéler périlleuse tout de même pour les émetteurs des secteurs sensibles aux effets du Covid, reconnaît-il.
Difficile de savoir ce qui se passe en Chine, à Wuhan autant que dans le monde des affaires. Une chose semble sûre dans ce dernier cas, c’est la banalité des retournements de situation. Ainsi, le champion national Jack Ma a disparu des radars après s’être retrouvé en disgrâce, en novembre dernier, son projet d’IPO d’Ant Group bloqué trois jours avant son lancement... Un même brouillard flotte sur les affaires nouées avec les entreprises européennes. Ainsi le family office chinois Fortune Fountain Capital, qui avait racheté Baccarat en 2018, n’a pas honoré ses échéances ni réalisé ses promesses d’investissement, mettant la cristallerie dans l’embarras. Le groupe SMCP vient de connaître la même déconvenue avec son repreneur Shandong Ruyi qui n’a pas payé les coupons de convertibles émis en septembre 2018. Quant au groupe Beaumanoir, il vient de céder la majorité de son activité chinoise au groupe Zhongke, après une présence de 15 ans dans l’empire du Milieu. Voilà qui n’est toujours pas bon signe pour la collaboration entre Européens et Chinois !
Décalage. Les aides aux entreprises affectées par la crise ont leur revers. L’inquiétude devant le risque de reports de défaillances est dans tous les esprits et les économistes du groupe BPCE, Alain Tourdjman et Julien Laugier, se sont employés à le mesurer. Ils ont simulé l’influence des variations de l’activité économique sur la santé des entreprises telle qu’elle se serait produite sans les soutiens financiers ni l’assouplissement du régime des procédures de défaillances et il en ressort des défauts presque deux fois plus élevés que ceux observés. Le printemps 2021 devrait constituer une période critique, avec le tarissement des aides et les demandes de remboursement de dette en probable décalage avec une reprise encore incertaine. Ce risque est d’autant plus fort que le plan de relance encourage surtout des actions structurelles et de réorientation. Les TPE et PME auront d’autant plus de mal à relever le défi que les cessions-transmissions affichent une baisse de 20 % à 30 % en 2020, accentuant le risque de vieillissement des dirigeants dont 10 %, dans les PME, ont au moins 66 ans. L’étude pointe ainsi le risque d’« arrêt silencieux » ou encore celui de liquidations sèches nombreuses, suite à des déclarations trop tardives de cessation de paiement. Face à la menace d’atrophie du tissu productif français, Alain Tourdjman préconise le renforcement des fonds propres et le rôle possible des prêts participatifs et des fonds de développement régionaux.
Fonds propres. Doté de 80 millions d’euros, le Fonds Avenir et Soutien Tourisme (FAST) dont Bpifrance démarre la commercialisation est dédié aux exploitants touristiques (hôteliers, restaurateurs, exploitants de parcs de loisirs, voyagistes, croisiéristes …) de plus de trois ans et réalisant au moins 500 000 euros de chiffre d’affaires. Outil de quasi-fonds propres (obligations convertibles), il a vocation à renforcer la structure capitalistique et la trésorerie des entreprises du secteur. Ce dispositif vient compléter le continuum de solutions de financement et d’accompagnement développé par Bpifrance pour soutenir le rebond et la transformation des acteurs de la filière française du Tourisme. Le fonds FAST, déjà souscrit par la Caisse des Dépôts, Bpifrance ainsi que les deux Régions Hauts-de-France et Pays de la Loire, ambitionne d’accompagner plus de 300 entreprises avec des tickets d’investissement compris entre 50 000 et 400 000 euros.
Sommet. L’étude mensuelle de Moody’s sur les défauts d’entreprises non financières en catégorie « haut rendement » rend compte pour octobre d’un taux à 6,5 %, inchangé pour le troisième mois. C’est deux fois plus qu’avant la crise (3,3 %) et au plus haut en dix ans. Au total, cela représente 180 cas de défauts dans le monde, dont 124 défauts pour l’Amérique du Nord et 31 pour l’Europe. Leur nombre a baissé depuis la période avril-juillet pour s’établir à 11 cas en octobre, où la plus grande faillite a été celle de Mallinckrodt International Finance SA, groupe pharmaceutique actif aux Etats-Unis et aux prises avec des litiges liés aux opioïdes, laissant plus de 5 milliards de dette en souffrance.
... d’euros, c’est la dernière augmentation de capital d’Alstom, destinée à financer l’acquisition de Bombardier Transport. Le fabricant de trains n’aurait pu rêver meilleur moment pour la lancer : l’opération, préparée depuis plusieurs mois, et bien perçue par les marchés, a aussi bénéficié des annonces de Moderna, dont le vaccin contre le Covid semble prometteur. L’opération court jusqu’au 30 novembre, et devrait constituer la cinquième plus grande augmentation de capital cette année en Europe. Preuve que malgré le contexte compliqué, les investisseurs sont prêts à financer la croissance.
Singapore Airlines a annoncé une perte de 3,5 milliards de dollars au premier semestre sous l’effet de la pandémie, son chiffre d’affaires est même en recul de 80 %. Le groupe a également prévu de réduire ses effectifs de 20 %. Ce n’est pas une raison pour faire grise mine. Puisque ses avions sont cloués au sol, la compagnie propose un nouveau service : un repas à bord de deux de ses A380 immobilisés. Un film est également projeté aux convives et certains ont aussi droit à une visite du cockpit avec les pilotes. On ne sait pas combien de « voyageurs » se sont laissé séduire mais cette diversification montre qu’à Singapour, on a des idées.