Veolia prend les devants pour financer l’achat de Suez

Veolia n’a pas attendu un éventuel accord avec Suez pour commencer à financer l’acquisition de son concurrent. Le groupe est en train de placer sur le marché deux nouvelles obligations perpétuelles, de la dette comptablement considérée comme des fonds propres. Présentée hier mardi aux investisseurs, l’opération doit être finalisée dans la journée. De sources de marché, Veolia viserait un montant de 2 milliards d’euros, susceptible d’être légèrement augmenté en fonction de la demande.
«Veolia souhaite profiter des bonnes conditions de marché actuelles», explique une source proche, à la fois pour «accroître la liquidité, optimiser les ratios de crédit et, en partie, refinancer l’achat des 29,9% du capital de Suez auprès d’Engie». Pour ce bloc de 29,9%, Veolia a payé environ 3,4 milliards d’euros, somme puisée dans ses ressources propres.
Maintien de la notation
Cette dette hybride va contribuer à renforcer le bilan de Veolia avant le lancement de l’OPA attendue sur Suez. Celle-ci, à supposer que le groupe obtienne 100% du capital de son rival, et qu’elle soit réalisée au prix de 18 euros par action, coûtera près de 8 milliards d’euros à Veolia, en plus des 3,4 milliards payés à Engie. La somme sera financée par les liquidités disponibles (4,5 milliards d’euros, selon S&P, avant l’hybride) et par un mélange de dette obligataire et d’augmentation de capital, sachant que Veolia n’exclut pas de payer une partie de son offre sur Suez avec une «branche en actions».
Les cessions d’actifs, au premier rang desquelles celle de Suez eau France à Meridiam, contribueraient à alléger la charge financière pour Veolia. A ce stade, les trois agences de notation, S&P Global Ratings, Moody’s et Fitch, n’ont pas modifié leur opinion sur le groupe, ni changé leur perspective.
Il ne s’agit pas du coup d’essai de Veolia sur le marché des hybrides. Le groupe avait émis 1 milliard d’euros et 400 millions de livres de dette hybride en janvier 2013, au moment où son endettement élevé menaçait sa notation investment grade. Ces obligations, qui payaient des coupons élevés (4,5% pour la souche en euro, 4,875% pour celle en livre), donc des frais financiers annuels de l’ordre de 66 millions d’euros, ont été remboursées en mars 2018.
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