L’Etat voit gonfler la facture de la filière nucléaire

Entre Areva et EDF, la filière nucléaire française coûte très cher aux finances publiques. L’Etat, qui assumera déjà la plus grande part des 5 milliards d’euros promis à Areva, a accepté le 22 avril d’injecter 3 milliards d’euros au capital d’EDF. Actionnaire à 85%, il assumera donc les trois quarts de l’augmentation de capital de 4 milliards d’euros que l’électricien soumettra à son conseil «d’ici à la clôture des comptes 2016 si les conditions de marché le permettent».
Outre ces sorties de cash qui se profilent d’ici aux échéances électorales de 2017, l’Etat actionnaire devra aussi se priver de recettes budgétaires. Il acceptera le paiement du dividende en actions au titre de 2016 et de 2017, comme il l’a fait cette année ; au titre de 2015, cette mesure a permis à EDF de renforcer ses fonds propres de 1,8 milliard d’euros.
Comment financer la facture de près de 8 milliards qui s’annonce ? Par la vente d’autres participations publiques, veut croire le gouvernement. «Nous venons de lancer les privatisations des aéroports de Nice et Lyon. Il y aura d’autres opérations», a indiqué hier au JDD Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie. Il ne faudra pas compter sur RTE pour abonder le budget de l’Etat: l’ouverture du capital du réseau de transport d’électricité fait partie du plan de cession de 10 milliards d’euros d’ici 2020 grâce auquel le groupe compte financer de «nouveaux développements».
Pour sécuriser sa trajectoire financière, EDF portera aussi son objectif de baisse des coûts de 700 millions en 2018 à un milliard en 2019. Les investissements seront réduits de 2 milliards entre 2015 et 2018, à 10,5 milliards. Une enveloppe qui ne tient pas compte du rachat, à l’étude, d’Areva NP, ni des nouveaux projets (dont Hinkley Point) qui porteraient les capex totaux entre 12,5 et 13,5 milliards sur la période.
Reste à savoir si les deux réacteurs britanniques EPR d’Hinkley Point verront le jour. Le projet suscite une telle crise de gouvernance chez EDF, avec le départ du directeur financier et une crispation du corps social, qu’il vient d'être reporté. Le choix de consulter le CCE repousse la décision d’investissement de début mai «à septembre», selon Emmanuel Macron, partisan du projet mais désavoué par l’Elysée la semaine dernière. Outre-Manche, où Hinkley Point est aussi critiqué, le producteur d’énergie verte Ecotricity et Greenpeace envisagent de contester ce qu’ils qualifient d’aide d’Etat à l’EPR anglais.
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