Les collectivités locales recourent toujours plus aux prêteurs alternatifs

Le débat sur la défaillance du marché des prêts aux collectivités locales trouve une réponse chiffrée dans le dernier Observatoire Finance Active. Les pouvoirs publics défendent l’idée d’une carence des offres concurrentielles pour justifier les dispositifs soutenus par l’Etat, récemment remis en question par la Cour des comptes. Or Finance Active écrit que 2016 marque «un tournant dans la gestion de la dette des collectivités locales françaises». Grâce à la baisse des taux d’intérêt et à la diversité des prêteurs, «le taux moyen de la dette pourrait avoir enregistré son plus bas niveau au 31 décembre 2016», estime le cabinet de conseil, qui a analysé la moitié de l’encours de dette des administrations publiques locales.
Pour leurs emprunts nouveaux, les collectivités ont bénéficié d’un taux moyen «le plus faible historiquement», à seulement 1,18%, grâce à «la toujours très forte concurrence entre sources de financements – financements alternatifs versus banques et banques entre elles – mais aussi les crédits à taux zéro de la CDC (Caisse des dépôts, ndlr)». Du coup, le taux du stock de dette a atteint un nouveau plancher à 2,52% et connu «sa baisse la plus importante depuis 2011», avec un recul de 28 points de base. Si Finance Active a repéré un taux minimal de -0,19% dans une banque, les émissions obligataires sont restées plus compétitives, avec un taux moyen de 1,09% l’an dernier. Premières utilisatrices de cette source de financement, les régions ont même emprunté à 0,77% en moyenne.
Ces grandes collectivités sont les plus friandes des emprunts alternatifs aux banques privées. 77,4% de leurs besoins ont été couverts par les marchés obligataires en direct ou via l’Agence France Locale, ainsi que par les banques publiques françaises (CDC, AFD) ou européennes (BEI, BDCE). Côté prêteurs, la part des financements alternatifs a «pour la première fois dépassé 25% des encours de dette» en 2016. Outre le démantèlement de Dexia, «les évolutions réglementaires (Bâle 3, Solvabilité 2, etc) ont notamment contraint l’offre traditionnelle des banques commerciales», rappelle Finance Active. Pour autant, le groupe BPCE reste la première contrepartie des collectivités, avec 20% du stock de crédits, mais n’est que le deuxième prêteur bancaire, loin derrière La Banque Postale qui a accordé l’an passé 42% des nouveaux crédits bancaires.
Plus d'articles du même thème
-
L’obligataire bombe le torse au chevet du financement des entreprises
L’Ofem pointe un apport de 74 milliards d’euros en 2024 en France, en hausse de 4%, dont 16 milliards dans la dette haut rendement. -
OpenAI se valorise 300 milliards après un méga investissement de SoftBank
Le créateur de ChatGPT devrait obtenir 40 milliards de dollars, dont 10 milliards seront versés dans les prochains jours. Le paiement du solde est en partie suspendu à une transformation d’OpenAI en société à but lucratif. -
Thames Water choisit KKR comme nouvel investisseur potentiel
L’offre du groupe de private equity américain déboucherait sur une réduction significative de la dette obligataire senior de la compagnie d’eau britannique.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions