
Natixis laisse passer la tempête H2O

Plus de peur que de mal, à ce stade, pour Natixis dans le dossier H2O. La filiale cotée de BPCE a publié jeudi soir un résultat net de 346 millions d’euros au deuxième trimestre, en repli de 32% sur un an mais supérieur au consensus FactSet de 313 millions. La baisse doit bien peu aux difficultés rencontrées par la boutique de gestion en juin, davantage à un recul des revenus en banque d’investissement (-13% sur un an) en raison d’un effet de base, et beaucoup à l’inflation du coût du risque. Celui-ci est passé de 41 à 110 millions en raison d’un dossier dans la banque d’investissement dont les dirigeants de Natixis se sont refusés à dire s’il s’agissait de Rallye.
Dans la gestion d’actifs, donc, la décollecte nette a atteint 2 milliards sur les produits long terme, dont 5,6 milliards de sorties pour H2O, et 4 milliards sur les produits de trésorerie. H2O, qui a connu des retraits massifs en juin en raison d’interrogations sur la liquidité et la gouvernance de certains investissements obligataires, a jugulé l’hémorragie, comme le laissait présager le rétablissement de droits d’entrée sur ses fonds. Les flux sont redevenus positifs en juillet, précise la banque. «On n’a vu aucun effet de contagion chez aucun des asset managers de Natixis IM», qui ont collecté plus de 3 milliards en net hors trésorerie, a indiqué François Riahi, directeur général de Natixis, lors d’une conférence.
Audit en cours
«H2O a bien résisté à l’épisode de décollecte, court mais intense, de la fin du mois de juin», a souligné François Riahi. Les actifs de la boutique londonienne atteignaient 26 milliards d’euros fin juin, à comparer à un encours total de 898 milliards pour Natixis IM.
L’affaire laissera cependant des traces en interne, quelques mois après l’accident de marché survenu dans les dérivés actions en Asie. «Il n’est pas question de remettre en cause le modèle multiboutique de Natixis IM, mais nous devons nous assurer que le groupe exerce tout le contrôle nécessaire sur ses affiliés», confie à L’Agefi le dirigeant d’une banque régionale du groupe BPCE.
«Le risque de liquidité qui était suggéré chez H2O n’était pas réel, puisque la société a été soumise à un stress test grandeur nature qui a été parfaitement géré», a indiqué jeudi François Riahi. «Il y a un audit en cours chez H2O. Lorsqu’il livrera ses conclusions, on en tirera les leçons», a ajouté le dirigeant, sans donner de calendrier. Les résultats de cet audit «n’ont pas vocation à être communiqués» en dehors du groupe, à la différence des mesures éventuelles que Natixis pourrait prendre en conséquence.
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