
L’industrie des fonds français résiste encore

Du bon et du moins bon. C’est ce qu’il faudra sans doute retenir du bilan 2016 dressé par SIX Financial Information – EuroPerformance qui explore le périmètre des OPCVM ouverts de droit français avec d’un côté une collecte qui reste positive et de l’autre, une industrie qui voit lui échapper une partie de ses fonds, enregistrés sur d’autres places.
Après un coup d’arrêt à cinq années continues de rachats en 2015 (41 milliards d’euros de souscription), 2016 maintient le cap et rassemble 35,5 milliards d’euros. Au total, effet performance compris (17,3 milliards), les actifs sous gestion des produits français progressent de 4,3 % à 856,5 milliards d’euros.
Spécificité forte de la gestion française, les OPCVM de trésorerie collectent 26,9 milliards contre 19 milliards en 2015, pour peser 37 % des encours du marché. En bonne position dans les allocations des investisseurs, les fonds obligataires récoltent quant à eux 9 milliards, avec quelques stratégies privilégiées. Les produits d’inflation raflent 1,4 milliard sur l’année, le compartiment obligations en dollars recueille 1,2 milliard tandis que les stratégies buy and hold (de portage) sur le segment euro mais également en catégorie haut rendement rassemblent plus d’un milliard. Enfin, surpris par le vote Leave, sans doute marqués par la démission de Matteo Renzi ou encore l’instabilité politique en Espagne, de nombreux investisseurs se sont détournés des produits actions Europe. En 2016, ces véhicules affichent le plus importants flux de rachats : 1,3 milliard d’euros. Globalement, les OPCVM actions décollectent de 609 millions d’euros sur l’année.
Si malgré tout, les fonds de droit français ont séduit en 2016, ils doivent composer avec une réalité douloureuse : une fusion transfrontalière de l’offre en leur défaveur. Déjà en 2015, State Street GA avait redomicilié sa gamme au Luxembourg et en Irlande, participant aux 14 milliards venus grever l’industrie. En 2016, ce sont 11 milliards qui sont partis en fumée. La seule gamme actions affiche une déperdition de près de 6 milliards d’euros. Sur les trois dernières années pas moins de 22 milliards d’euros se sont littéralement envolés. Entre autres acteurs, EdRAM pour près de 5,6 milliards, Lyxor à hauteur d’environ 1,6 milliard ou encore Theam pour 1,3 milliard ont préféré «délocaliser» une partie de leur gamme.
{"title":"","image":"134654»,"legend":"","credit":"Illustration L’Agefi."}
Plus d'articles du même thème
-
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
L’étrange disparition de la plateforme de crowdfunding Koregraf
Inter Invest ferme la société un an seulement après l'avoir achetée. Fin février, la présidence avait été confiée à Jérôme Bulté, un manager de transition lié à seize procédures collectives. -
Le Groupe Magellim accentue sa diversification
Il revoit sa structuration pour s’affranchir de son image d’acteur immobilier. Le groupe veut se renforcer sur les valeurs mobilières et notamment le private equity. Une acquisition devrait être annoncée dans les prochains mois. -
Amundi et Victory Capital deviennent partenaires stratégiques
Le groupe français détient désormais 21,2% de la société de gestion américaine et il devrait monter jusqu'à 26,1% dans les prochains mois. -
GAM externalise sa gestion dette émergente
Gramercy Funds Management assurera désormais la gestion des stratégies dette émergente de la société de gestion suisse. -
VanEck revient sur le marché chinois
La société de gestion américaine VanEck a établi une filiale de gestion de fonds privés à Shanghai, rapporte Reuters, qui souligne que la société a obtenu le feu vert réglementaire des autorités chinoises le 26 mars. Van Eck, qui gère quelque 114 milliards de dollars, avait tenté d'établir une société de gestion en Chine pour y gérer des fonds mutuels avant d’abandonner son projet en 2023.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions