
Les sociétés de gestion parient sur la technologie pour se réinventer

L’industrie de la gestion est au carrefour d’une révolution : numérisation, unbundling, pressions des pouvoirs publics… D’avril à juin, le réseau de trading institutionnel Liquidnet a interrogé 42 gérants, responsables de quelque 11.400 milliards de dollars d’encours, pour mieux comprendre la façon dont la technologie s’intègre dans ces nouveaux défis. Pour 50% des gestions interrogées, si la performance et la recherche de l’alpha continuent à dominer la sélection des fonds, l’utilisation des données et de la technologie contribue de plus en plus à apporter la preuve de cette performance.
«A l’heure actuelle, on assiste à une multiplication des stratégies d’investissement, explique Rebecca Healey, directrice de la stratégie et structure de marché EMEA chez Liquidnet. Les gérants font l’objet d’une attention toujours plus minutieuse et doivent produire des rapports de performance quotidiens, mensuels et trimestriels, faisant de la performance à court terme le nouveau centre d’intérêt de l’industrie. Dans cette optique, il faut se montrer plus astucieux que la concurrence.» Dans cette quête de différenciation, des innovations comme le traitement automatique du langage naturel (natural language processing, NLP) ou la robotique ont déjà un impact sur les processus d’investissement, pour 21% des sondés.
L’intelligence artificielle n’aurait pas encore eu d’impact sur ces processus pour 40% des gestions. «Le NLP comme l’apprentissage automatique permettent de télécharger un grand nombre de données non structurées et de les analyser, ce qui a un effet tangible pour les gérants, explique Rebecca Healey. C’est le sous-ensemble de l’intelligence artificielle qui est le plus utile aux gérants pour comprendre quelles données leur procurent de la valeur ajoutée par opposition à celles qui n’en procurent pas et qui peuvent donc être écartées.»
Le recrutement de data scientists est une priorité pour 63% des gestions, selon l’étude. Mais le recours à des entreprises technologiques est également un axe de développement fort : 51% estiment que les fournisseurs de technologies et de données externes constituent la source de rupture la plus importante pour l’industrie. «Il y a encore quelques mois, tout le monde pariait sur une offensive de Google et d’Amazon dans ce domaine, souligne Rebecca Healey. Or, en réalité, ce sont ne pas ces géants qui viennent en aide aux gestions, mais plutôt des fintech capables de proposer un service spécialisé et sur mesure.»
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