
Les gérants d’actifs se préparent à une élection américaine volatile
Rouge ou bleu ? Les incertitudes autour des résultats de l’élection américaine inquiètent évidemment les gérants. Pourtant, les marchés semblent attendre moins de remous début novembre que ce qu’ils prévoyaient il y a un mois. La volatilité attendue pour novembre est ainsi passée de 31, sur les contrats à termes achetés en septembre, à 28, sur les futures achetés en octobre. « Les sondages favorisent désormais largement le camp démocrate. Le risque perçu a diminué », constate Axel Botte, stratégiste chez Ostrum AM. Joe Biden bénéficie aujourd’hui d’une confortable avance de 10 points sur son concurrent. En 2016, Hillary Clinton n’avait que 7 points d’avance sur Donald Trump. Au-delà des sondages, « il ne faut pas non plus oublier que les banques centrales sont là pour apporter de la liquidité, qui fait baisser la volatilité, rappelle Thierry Million, directeur de la gestion obligataire institutionnelle chez AllianzGI. Aujourd’hui, la deuxième vague inquiète beaucoup plus les marchés » – qui ont en effet trébuché, en Europe et aux Etats-Unis, la semaine dernière.
Fuite en avant
Les gérants ne sont pas insensibles aux opportunités offertes par les marchés. « Les secteurs liés à l’environnement seront les grands gagnants d’une victoire de Joe Biden. A l’inverse, le pétrole devrait souffrir, ainsi que, dans une moindre mesure, les ‘big tech’ », juge Axel Botte. Le segment des énergies renouvelables s’envole ainsi en Bourse, battant largement le S&P 500. Car, malgré les incertitudes et les interrogations, les marchés continuent de grimper. Et pour l’avenir proche, « nous sommes assez confiants dans la poursuite de la hausse du marché actions américain. La politique monétaire ne va pas s’inverser. A court terme, la fuite en avant semble donc le scénario le plus probable », conclut Axel Botte.
Les marchés semblent donc confiants dans la victoire démocrate. Au risque de répéter l’élection de 2016, où l’élection du républicain avait été un choc ? « Les marchés sont peut-être complaisants envers une victoire de Joe Biden, juge Mathieu L’Hoir, senior multi asset portfolio manager chez Axa IM. Et sous-estiment le risque d’une contestation de l’élection par Donald Trump. » Ce dernier a de toute façon annoncé qu’il contesterait l’élection s’il n’est pas reconduit ; mais le scénario catastrophe est celui d’une victoire de l’un ou l’autre candidat avec une marge faible, qui pourrait mener à une crise durable.
Face à l’incertitude, les gestions se protègent. « Nous remplaçons une partie de l’exposition aux actions par des options d’achat, ce qui rend nos portefeuilles asymétriques à la baisse, explique ainsi Mathieu L’Hoir. Les devises restent les protections les plus efficaces : en achetant principalement du yen, mais aussi du dollar, des francs suisses, nous cherchons à profiter de leur appréciation face à l’euro en cas de choc sur les marchés. » Autre devise vers laquelle certains gérants se tournent, le yuan, alors que la croissance chinoise a retrouvé son niveau d’avant le confinement. Les « straddles » sont aussi populaires, qui consistent à acheter des options d’achat et de vente sur une même action. Un brusque mouvement du prix permet de dégager un retour sur investissement suffisant pour couvrir le prix des options.
Acheter de la volatilité peut aussi couvrir les portefeuilles. Mais si les swaps de volatilité « ont été populaires, ils sont très coûteux », rappelle Maarten Geerdink, responsable des actions européennes chez NNIP. « Nous avons plutôt choisi d’augmenter le biais qualité de nos portefeuilles » – un facteur qui a plutôt bien fonctionné cette année. En revanche, l’or est un peu boudé. Le métal avait chuté avec les marchés en mars, ce qui fait douter certains gérants de sa capacité à protéger, à court terme, les portefeuilles. A plus long terme, en revanche, l’or est apprécié pour la protection qu’il offre contre l’inflation qui, entre Fed et programme d’investissement à 2.000 milliards de dollars, pourrait se réveiller.

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