
Les fonds ESG sont moins chers que leurs équivalents conventionnels

Il y a des idées qui ont la vie dure. La cherté des fonds ESG (Environnement, Social et Gouvernance) en est une parmi d’autres dans l’esprit des investisseurs. Morningstar Sustainalytics vient de faire paraître une étude intitulée ESG Funds Fees qui passe au crible plus de 110.000 parts de plus de 37.400 fonds domiciliés en Europe, comprenant environ 4.000 véhicules ESG. L’étude regroupe 70 % des quelque 5.500 fonds durables disponibles à la vente en Europe, à fin mars 2024, selon Morningstar Direct.
De moins en moins couteux
Si de nombreux investisseurs pensent que les grilles tarifaires des OPCVM ESG sont plus élevées, cela provient notamment des coûts liés aux données, à la recherche et à l’expertise que suppose le recrutement d’experts en durabilité.
Morningstar Sustainalytics, a ainsi établi des comparaisons entre les fonds durables en Europe et ceux de leurs homologues conventionnels dans six des plus grandes catégories Morningstar (Actions globales, actions Europe, actions US, actions émergentes, obligations d’entreprises et autres obligataires) et jaugé leurs évolutions au cours des 10 dernières années. « Bien qu’il existe sans aucun doute un large éventail de stratégies ESG avec des coûts différents, nous avons constaté qu’en moyenne, les fonds ESG ne sont pas plus chers que les fonds non ESG. Cela est principalement dû à la prolifération de nouveaux produits et à la concurrence intense que nous avons observée dans ce domaine au cours des dernières années », résume Hortense Bioy, responsable de la recherche sur l’investissement durable, Morningstar Sustainalytics.
En effet selon l’étude, le coût moyen pondéré par actifs des véhicules ESG s'élève en moyenne à 0,83 % comparé à 0,90 % pour les OPCVM conventionnels. Ces chiffres montaient même à 1,55 % et à 1,32 % il y a dix ans. Lorsque les stratégies actives sont dissociées des gestions passives, l’étude établit que les premiers affichent des coûts inférieurs à ceux de leurs homologues conventionnels : en moyenne et respectivement 1,19 % contre 1,22 %. Du côté des stratégies passives durables, les tarifs sont équivalents aux fonds passifs non typés ESG, à l’exception des véhicules exposés aux marchés émergents où les OPCVM passifs « affichent des frais sensiblement plus élevés, mais l'écart reste modeste à 0,05 % en moyenne », indique l’étude.
L’univers obligataire suit cette même tendance globale. Les fonds ESG de la catégorie EUR Corporate Bond sont également devenus moins chers à partir de 2018, que leurs homologues qui n’intègrent pas une approche extra-financière. Depuis mars 2024, les coûts moyens pondérés en fonction des actifs des fonds ESG de cette catégorie s'établit à 0,38 %, contre 0,46 % pour les fonds conventionnels.
Compétition des ETF
Quant aux nouvelles expertises extra-financières, leurs tarifs ont tendance à être inférieurs à ceux de leurs pairs conventionnels, notamment pour les stratégies gérées activement. L’histoire est plus nuancée pour fonds ESG passifs. Alors que sur la base d’une moyenne simple, les fonds ESG passifs nouvellement lancés ont tendance à être moins couteux que les stratégies équivalentes non durables, ce n’est pas toujours le cas lorsqu’on examine les investissements pondérés par actifs. Dans la majeure partie des cas, les souscriptions ont alimenté les ETF plain vanille et non durables. Par exemple, en 2023, des nouveaux fonds passifs de la catégorie Morningstar Europe Large Cap Blend Equity avait des coûts pondérés en fonction des actifs de 0,17 % en moyenne, contre 0,14 % pour les nouveaux véhicules non ESG. Un écart qui se creuse pour les fonds d’obligations d’entreprise en euros, où l’an passé les stratégies passives ESG facturaient 0,15 %, contre 0,10 % pour les véhicules passifs non ESG.
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