
Le long combat pour la mixité

On trouve plus de David que de femmes parmi les gestionnaires de fonds outre-Manche. La statistique prêterait à sourire si elle ne traduisait le profond retard de l’asset management en matière de mixité. Malgré les discours volontaristes, la situation ne s’est guère améliorée en vingt ans. La proportion de fonds d’investissement gérés par des femmes stagne autour de 14 % depuis 2000, révèle une étude de Morningstar publiée au début du mois, et la poussée de la gestion passive ou d’expertises en vogue n’y change rien. Quant aux minorités ou aux professionnels issus de milieux défavorisés, mieux vaut jeter un voile pudique sur leurs chances de faire carrière dans un métier qui s’est trop longtemps résumé à ses stars, mâles blancs diplômés des meilleures écoles et à l’étoile désormais déclinante.
La gestion d’actifs ne pourra jamais, à elle seule, corriger les biais structurels de nos sociétés. Mais d’une industrie qui fait commerce de fonds thématiques, met les critères sociaux et de gouvernance au cœur de ses préoccupations, et sermonne les grandes entreprises trop chargées en testostérone, on attend au moins qu’elle donne l’exemple. En lançant l’an dernier leur Gender Diversity Index, L’Agefi et Ethics&Boards, avouons-le, avaient pour ambition de contribuer à faire bouger les lignes. Cette deuxième édition donne des motifs d’espoir (lire le Dossier page 20). Les poids lourds de la gestion d’actifs que nous avons interrogés ont ouvert plus largement leurs conseils d’administration aux femmes, où celles-ci occupent désormais près d’un siège sur trois, et l’Europe fait la course en tête. La progression est visible aussi dans les instances de direction opérationnelle, là où se joue le vrai combat de l’égalité. Car la loi Zimmermann-Copé l’a bien montré : les quotas ont accéléré la féminisation des conseils des entreprises françaises, mais la théorie du ruissellement s’est révélée être une chimère, et c’est d’une politique active visant à développer la part des femmes dans les viviers de talents internes que viendra plus sûrement le salut.
La diversité, dit-on, c’est être invité au bal ; l’inclusion, pouvoir danser. Au bal des gérants, certains suivent mieux la musique que d’autres. George Gatch, le nouveau patron de JPMorgan AM, se flattait il y a quelques mois dans ces colonnes que 45 % des encours du groupe soient confiés à des femmes. Parce que mixité rime avec performance, ce score devient un argument commercial. Et parce que les asset managers, maillon de la grande chaîne de l’investissement, rendent des comptes au moins autant qu’ils en demandent, ceux qui leur confient leur argent doivent se saisir à leur tour du problème et les pousser à changer.
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