
Karakoram ferme cinq fonds pour un problème de liquidité

La France a son – petit – Woodford. Les sommes en jeu ne sont pas les mêmes, et les répercussions ne seront certainement pas aussi importantes que pour le gérant d’actifs britannique. Cependant, la société de gestion Karakoram, qui gère environ 30 millions d’euros via des OPCVM, vient, elle aussi, à l’instar du gérant star, de fermer cinq de ses fonds à toute souscription ou rachat. Comme dans l’affaire Woodford – qui pesait, de son côté, plus de 10 milliards de livres (12 milliards d’euros) -, c’est une incompatibilité entre la liquidité des fonds et celle de ses sous-jacents qui a forcé la société à prendre cette décision.
Au début du mois de novembre, les porteurs de parts de fonds de Karakoram ont appris que le gérant fondateur de la société était arrêté pour plusieurs mois pour des raisons médicales. «Nous avons alors eu de nombreuses demandes de rachat que nous n’avons pas pu honorer», déclare à L’Agefi un des dirigeants de la société. Les souscripteurs ont été informés par une lettre, disponible sur le site du gestionnaire, et datée du 19 novembre 2019, de la fermeture des fonds. «Compte tenu de l’existence de titres cotés à faible liquidité au sein des portefeuilles, d’éventuelles demandes de rachat ne peuvent être acceptées sans créer un risque fort de traitement inégalitaire des porteurs», peut-on y lire. Ces restrictions concernent les fonds K2, Karakoram Annapurna, Karakoram Entrepreneur Invest Patrimoine et le FIA Financière Capital Plus. Ces produits, selon les dernières valeurs liquidatives disponibles, présentaient des performances comprises entre -7% et -11% depuis le début de l’année.
Aujourd’hui, le gestionnaire «étudie toutes les solutions pour ramener de la liquidité sur les fonds», mais vu l’importance relative de ses positions, les fourchettes d’achat et de vente des valeurs de son portefeuille risquent de s’écarter, les autres opérateurs connaissant la position délicate du gérant. «Certains de ces produits comprennent plusieurs valeurs pesant chacune autour de 10% des actifs du fonds et dont la capitalisation se révèle inférieure à 10 millions d’euros», relève un observateur.
Les titres présents dans les fonds – pour ceux faisant apparaître leurs principales positions dans leur reporting - pouvaient laisser penser aux porteurs que des sorties importantes causeraient des problèmes de liquidité. Mais pas les processus de gestion. Le gérant affirmait en effet, notamment dans son fonds Anapurna, appliquer des stratégies de court terme sur les actions, débouclées chaque soir. Ce qui n’est à l’évidence pas le cas.
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