
H2O AM sabre encore la valeur de ses fonds cantonnés

Nouveau coup de rabot pour les fonds cantonnés de H2O Asset Management. Le gestionnaire d’actifs a revu à la baisse la valorisation des fameux side pockets (SP) exposés à des titres illiquides pour la deuxième fois en un mois, après avoir déjà communiqué mi-septembre sur des valeurs à fin août. Le 16 octobre, il a discrètement publié sur son site des valeurs au 29 septembre. L’ajustement est saignant : en cumul, il atteint la bagatelle de 265 millions d’euros entre fin août et fin septembre (voir tableau), soit un plongeon de près de 47%.
«Nous informerons les porteurs de tout développement significatif d’ici novembre, précise H2O AM dans un communiqué discrètement publié sur son site. Il est important de rappeler que l’incertitude de valorisation qui a conduit au cantonnement des fonds SP persiste, et toute valorisation demeure donc estimative.»
Actifs illiquides
Le scandale a éclaté l'été 2019, lorsqu’il est apparu que les fonds de H2O AM étaient exposés à des actifs illiquides issus de la galaxie du sulfureux financier allemand Lars Windhorst, au mépris de la réglementation et de la documentation des fonds. En août 2020, H2O AM avait scindé ses fonds et créé des side pockets qui portent l’exposition aux actifs illiquides. L’idée était alors de rembourser les porteurs de parts au fur et à mesure que ces actifs seraient eux-mêmes monétisés. Un premier remboursement partiel a eu lieu en janvier dernier. Mais les sociétés de Lars Windhorst, à l’image du fabricant de lingerie La Perla, sont dans une situation financière telle qu’elles sont incapables de faire face au gros de leurs dettes.
Résultat, la valeur des side pockets fond comme neige au soleil. De 1,64 milliard d’euros à leur création, leur actif est tombé à 301,8 millions fin septembre.
La valeur liquidative du plus gros d’entre eux, Multibonds SP, est passée de 47,12 euros la part, fin janvier 2023, à 29,31 euros lors de l’ajustement de fin août, avant d’être quasiment divisée par deux un mois plus tard, à 15,87 euros fin septembre. Soit un plongeon de 71,4% sur l’année 2023.
Allegro SP, le deuxième fonds cantonné par la taille aujourd’hui, a connu un coup de rabot de même ampleur le mois dernier. L’actif a fondu de 107 millions à moins de 56 millions entre fin août et fin septembre.
A lire aussi: H2O AM verse la portion congrue aux porteurs de ses fonds cantonnés
Selon Philippe Maupas, qui a conseillé l’association Collectif Porteurs H2O, en tenant compte du remboursement partiel de janvier, évalué à 144 millions d’euros, ce sont donc près de 1,2 milliard d’euros qui se sont envolés depuis août 2020.
H2O AM précise que «la gestion des fonds SP n’a aucune incidence sur la gestion des fonds FCP», qui restent eux ouverts à la souscription. Le scandale a toutefois valu en janvier 2023 à la société de gestion une amende record de 75 millions d’euros de l’Autorité des marchés financiers. L’AMF a aussi mis à l’amende le cofondateur de H2O, Bruno Crastes, à hauteur de 15 millions d’euros, avec interdiction pendant cinq ans d’exercer l’activité de gérant ou de diriger un asset manager, et l’autre cofondateur, Vincent Chailley, à hauteur de 3 millions. La société a fait appel. La Financial Conduct Authority britannique, également concernée par l’affaire, n’a pas encore statué.
Plus d'articles du même thème
-
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
L’investissement responsable pour les particuliers reste un casse-tête
L'Observatoire de l'épargne européenne examine les obstacles à l’essor des investissements responsables chez les particuliers. Si la responsabilité des distributeurs est mise sur la table, des solutions sont aussi à discuter. -
L’étrange disparition de la plateforme de crowdfunding Koregraf
Inter Invest ferme la société un an seulement après l'avoir achetée. Fin février, la présidence avait été confiée à Jérôme Bulté, un manager de transition lié à seize procédures collectives. -
Le Groupe Magellim accentue sa diversification
Il revoit sa structuration pour s’affranchir de son image d’acteur immobilier. Le groupe veut se renforcer sur les valeurs mobilières et notamment le private equity. Une acquisition devrait être annoncée dans les prochains mois. -
Crystal s’empare d’un cabinet de gestion en patrimoine dédié aux sportifs de haut niveau
Avec l’acquisition de World Sport Consulting, le groupe indépendant de la gestion de patrimoine fait grimper le nombre de sportifs suivis en France et à l’international à 750.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions