
Credit Suisse a subi plus de 61 milliards de francs de retraits au premier trimestre 2023

Il s’agit d’un résultat avant tout «technique». Credit Suisse a fait état ce 24 avril d’un résultat avant impôts de 12,8 milliards de francs suisses pour le premier trimestre 2023. Mais il est le fruit de l‘annulation de la valeur des obligations AT1 de 15 milliards décidée lors du rachat en catastrophe de Credit Suisse par UBS le 19 mars dernier. Le groupe reconnait en outre avoir été affecté par des retraits significatifs de dépôts et d’actifs de la part de ses clients durant la période.
Le résultat avant impôt a été aussi touché par un gain de 0,7 milliard de francs provenant de la vente d’une partie importante de l’activité de produits titrisés Securitized Products Group (SPG) auprès d’Apollo compensée par une charge de dépréciation du goodwill de 1,3 milliard de francs suisses presque entièrement comptabilisée dans la division de gestion de fortune (WM).
Corrigée de ces événements exceptionnels, la perte avant impôts ajustée s'établit à 1,3 milliard de francs pour le trimestre.
L’amortissement total des instruments de dette AT1, contesté par les investisseurs obligataires de la banque auprès du tribunal administratif suisse, contribue à doper le ratio de solvabilité de Credit Suisse qui passe de 14,1 à 20,3%. Grâce à cette décision, la banque devient ainsi, ironiquement, la mieux capitalisée d’Europe.
Des retraits alarmants
Les retraits de la part des clients sont considérés comme «alarmants» par les analystes et jettent le doute sur la capacité d’UBS à tenir la barre de la trajectoire annoncée après le rachat. Credit Suisse précise que les sorties ont été particulièrement importantes sur la deuxième quinzaine de mars suivant son sauvetage express. «Ils ont commencé à ralentir mais ne se sont pas encore inversés en date du 24 avril 2023», indique le communiqué. Les retraits d’actifs nets ont été de 61,2 milliards de francs au premier trimestre. Les retraits de dépôts ont représenté 57% des retraits dans la gestion de fortune et dans la banque commerciale suisse. A la fin du premier trimestre, Credit Suisse gérait 1.300 milliards, soit une baisse de 41 milliards par rapport à fin 2022.
«À la lumière de l’annonce de la fusion, de l’impact négatif sur les revenus de la sortie des activités non stratégiques précédemment annoncée, des charges de restructuration et des coûts de financement, le Credit Suisse s’attend également à ce que la banque d’investissement et le groupe déclarent une perte substantielle avant impôts en 2023», prévient la banque.
Credit Suisse a aussi confirmé qu’il avait mis fin «d’un commun accord» à son acquisition controversée de M Klein & Co, la boutique de conseil dirigée par son ancien collaborateur, Michael Klein, pour 175 millions de dollars. L’accord avait été scellé dans le cadre du plan de restructuration de Credit Suisse qui prévoyait une scission partielle de sa banque d’investissement sous la marque First Boston, sous la direction de Michael Klein.
Plus d'articles du même thème
-
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets. -
Thomas Verdin (BM&A Reg Tech) : «L’application des règles de Bâle a un coût opérationnel important»
La finalisation des règles de Bâle obligera les banques, qui étaient habilitées à n’utiliser que des méthodes internes de mesure des risques, à comparer ces résultats avec une méthode dite standard, à partir de données externes. Thomas Verdin, directeur associé de BM&A Reg Tech, explique simplement quelles sont les implications opérationnelles de ces changements. -
Le Crédit Agricole renforce sa banque privée en Suisse
La filiale de gestion de fortune de la banque verte, Indosuez Wealth Management, va acquérir Banque Thaler, un spécialiste suisse du domaine. -
Le gendarme financier suisse se réorganise pour gagner en efficacité
L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers a annoncé la création d’une nouvelle division transversale chargée d’examiner notamment les risques de liquidité, de crédit, de blanchiment d’argent ou ceux liés à la finance durable. -
Le levier de la prospective stratégique au service de la banque de demain
La capacité des banques à anticiper les différents scénarios possibles est désormais un impératif stratégique, estime Alexandra Zana, Vice President, chargée des institutions financières chez Mastercard
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions