
Actions ISR: quelle diversification espérer avec une gestion quantitative ?
Dans le cadre des Clubs Dates Invest qui se sont tenus à Lyon le 24 mai dernier, Benoit Léandri, spécialiste produits en gestion quantitative actions chez Schroders, David Kalfon, président de Sanso Investment Solutions et Dominique Blanc, directeur de la recherche de Novéthic, ont détaillé les évolutions actuelles de la gestion quantitative ISR.

“L’analyse quantitative vient en renfort de l’analyse fondamentale, elle est complémentaire et ne s’oppose pas à elle”, a tenu à préciser en préambule Benoit Leandri. Intégrer des facteurs ESG et donc extra-financiers à la gestion quantitative fait sens car ils ont une très faible corrélation avec les facteurs financiers”. Ainsi, les gérants d’actifs peuvent comprendre et quantifier de nouveaux risques. “D’autant plus que le nombre de données ESG, collectées grâce notamment au travail de MSCI ESG Research, Eiris et autres Thomson Reuters, ont fortement augmenté ces deux dernières années. Cette évolution est principalement liée au fait que les entreprises sont de plus en plus transparentes Sous la pression réglementaire mais aussi des investisseurs”. Et dans ce contexte, la gestion quantitative qui peut traiter un plus grand nombre de données que la gestion fondamentale, tire son épingle du jeu. “La gestion quantitative est intéressante pour nourrir le coeur du portefeuille tandis que les gestions de convictions doivent intégrer la partie satellite”, a indiqué de son côté Dominique Blanc, en citant l’exemple des fonds de pension néerlandais. “L’approche quantitative permet d’intégrer de nouveaux critères pour identifier quel business model sera résilient sur 15 à 20 ans”, a-t-il poursuivi. Une approche coeur-satellite préconisée également par Schroders. En tant que sélectionneur de fonds, David Kalfon a de son côté souligné l’intérêt de mélanger les différentes approches ISR et de profiter ainsi des différentes périodes de performance. “En période de baisse des marchés, la gestion quantitative va certes souffrir mais cela ne va pas forcément se produire au même moment que la gestion traditionnelle”, a-t-il expliqué. Concernant la gestion de conviction, David Kalfon a apporté un bémol en précisant que certains fonds ont tendance à oublier de prendre en compte les cycles économiques. “On sait que dans les fonds spécialisés sur l’eau par exemple, on retrouve beaucoup de valeurs appartenant au secteur des ‘utilities’, a rappelé le patron de Sanso IS. Or, les ‘utilities’ ont tendance à sousperformer quand les taux remontent. Par conséquent, il peut être intéressant d’effectuer une gestion active de son portefeuille et surpondérer une autre thématique pendant cette période, pour éviter la baisse des valeurs du secteur. C’est le rôle du multigérant !” Selon Schroders, s’il est trop pour mesurer l’impact de l’intégration des critères ESG sur la performance des portefeuilles, il est important, dès aujourd’hui, d’accompagner les entreprises pour les amener à faire plus en matière d’ESG. “Nous avons en interne une équipe dédié pour les accompagner, a indiqué Benoit Leandri. Il faut au moins deux à trois ans pour avoir un impact sur une entreprise, c’est la raison pour laquelle nous travaillons avec elles dans une logique de partenariat.” De son côté, Sanso IS cherche à faire bouger les sociétés de gestion. “Dans le cadre de notre multigestion, nous nous laissons la possibilité d’investir dans des fonds qui ne sont pas encore ISR. Mais dès le départ nous les interrogeons sur la prise en compte de critères ESG et leur précisons que c’est important pour nous.” Enfin, Dominique Blanc a démontré l’importance du rôle des investisseurs pour faire pression sur les entreprises. Selon l’étude réalisée par Novethic sur les reportings climat des grands investisseurs institutionnels français, une cinquantaine d’institutions (¾ des acteurs analysés) intègre déjà le calcul de l’empreinte carbone pour leurs portefeuilles. Mais l’évolution future dépend également de l’impulsion des pouvoirs publics. “Les travaux en cours effectués par la Commission européenne visent à identifier et recenser les activités considérées comme durables, a-t-il indiqué. Elle affiche également sa volonté d’harmoniser des labels existants, afin d’assurer un certain niveau de transparence”. Ses réflexions pourraient également aboutir à la mise en place d’un label vert européen dans les prochaines années. Ludivine Garnaud
Un évènement L’AGEFI
TECH & FINANCE
Plus d'articles du même thème
-
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
L’étrange disparition de la plateforme de crowdfunding Koregraf
Inter Invest ferme la société un an seulement après l'avoir achetée. Fin février, la présidence avait été confiée à Jérôme Bulté, un manager de transition lié à seize procédures collectives. -
Le Groupe Magellim accentue sa diversification
Il revoit sa structuration pour s’affranchir de son image d’acteur immobilier. Le groupe veut se renforcer sur les valeurs mobilières et notamment le private equity. Une acquisition devrait être annoncée dans les prochains mois. -
Amundi et Victory Capital deviennent partenaires stratégiques
Le groupe français détient désormais 21,2% de la société de gestion américaine et il devrait monter jusqu'à 26,1% dans les prochains mois. -
GAM externalise sa gestion dette émergente
Gramercy Funds Management assurera désormais la gestion des stratégies dette émergente de la société de gestion suisse. -
VanEck revient sur le marché chinois
La société de gestion américaine VanEck a établi une filiale de gestion de fonds privés à Shanghai, rapporte Reuters, qui souligne que la société a obtenu le feu vert réglementaire des autorités chinoises le 26 mars. Van Eck, qui gère quelque 114 milliards de dollars, avait tenté d'établir une société de gestion en Chine pour y gérer des fonds mutuels avant d’abandonner son projet en 2023.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Les plus lus
Contenu de nos partenaires
A lire sur ...
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions