La Caisse de dépôt et placement du Québec, qui gère 165 milliards d’euros d’encours, a annoncé le 1er mai l’acquisition, conjointe avec GE Energy Financial Services de General Electric Co, de Southern Star Central Corp, propriétaire d’un pipeline de gaz naturel aux États-Unis. La poche infrastructures pèse environ 8 milliards d’euros, soit 5% de l’allocation de la Caisse. Les investissements directs dans l’énergie représentent 3%. «Les investissements en infrastructures ont apporté un retour sur investissement de 13,2% en 2014, a déclaré Maxime Chagnon, porte-parole de la Caisse. L’indice S&P Oil & Gas Exploration and Production Select Industry a reculé de 29,42% l’an dernier, tandis que l’indice S & P / TSX Capped Energy index of Canadian firms rapportait 16,36%.» Roland Lescure, vice-président exécutif et chef des investissements, et Macky Tall, vice-président senior infrastructures et private equity, ont déclaré que la stratégie axée sur la distribution de l'énergie avait pour objectif de faire tampon à la baisse des prix du pétrole. «Des flux de trésorerie stables» «Nous recherchons des flux de trésorerie stables. Nous évaluons uniquement le retour sur investissement provenant de la distribution», explique Macky Tall. Les variations à court terme du prix du pétrole ne sont pas surprenantes pour ce dernier. «Nous identifions les fondamentaux et les risques de tous nos investissements. L’énergie ne fait pas exception, indique-t-il. Sur le long terme, nous estimons que le baril de pétrole coûtera 70 dollars. Même quand le prix était aux alentours de 110 dollars, nous attendions un prix à 70 dollars. Cela nous a amené à préférer des compagnies qui pouvaient survivre à la baisse des prix.» Roland Lescure estime que les 3% d’actifs de la Caisse des dépôts du Québec directement exposés au pétrole le sont dans des «titres énergétiques de qualité» à faible production et fort profit, qui sont concentrés sur les volumes au lieu des prix. «Nous pensons toujours que le pétrole va rebondir, mais nous ne savons pas quand. Nous nous intéressons depuis longtemps au secteur de la distribution énergétique», affirme Macky Tall. Liste des opérations déjà réalisées : 15% de participation dans AES US Investments Inc., une filiale d’Indianapolis Power & Light Co. (IPL), pour 244 millions de dollars. Le contrata été annoncé en janvier. La Caisse va investir 349 millions de dollars dans IPL en échange de 17,65% d’actions supplémentaires. IPL va utiliser cet argent pour financer sa réduction d’utilisation de charbon de 30 points (de 74% à 44%) d’ici 2017, programme dont le coût est estimé à 1,4 milliards de dollars. Un investissement de 400 millions de dollars a été effectué dans Invenergy Wind LLC, Chicago, un portefeuille de fermes éoliennes situées aux Etats-Unis et au Canada. Une participation de 16,5% dans Colonial Pipeline Co. et Colonial Ventures LLC, acquise auprès de Conoco Phillips au prix de 850 millions de dollars en 2011. Colonial exploite un pipeline de pétrole raffiné transportant 2, 3 millions de barils par jour du golfe du Mexique vers le nord-est américain. La Caisse des dépôts du Québec analyse les investissements dans la distribution énergétique de la même façon que les infrastructures, le private equity et l’immobilier, c’est-à-dire avec un horizon de 10 à 20 ans. «Nous analysons tous les risques, dont le risque de marché et le risque politique. Nous considérons l’immobilier et les infrastructures comme des investissements sensibles à l’inflation». La Caisse des dépôts du Québec investit en collaboration avec des partenaires stratégiques «qui partagent (ses) objectifs opérationnels de long terme, précise Macky Tall. Comme GE Energy Financial Service, co-investisseur avec la Caisse de dépôt du Québec dans Southern Star, nos partenaires stratégiques ont les poches profondes et sont prêts à partager tant leur connaissance que les risques financiers. Quelque soit notre décision d’investissement, aussi bien en direct qu’en partenariat, nous sommes conscients des risques et des profits». «Notre périmètre va bien au-delà des experts financiers car nous employons des ingénieurs en chimie, des experts en énergie, des experts en compliance, explique Roland Lescure. La simple utilisation d’analystes ayant le CFA est révolue. Nous employons désormais des personnes qui ont travaillé dans le «monde réel», dans les domaines sur lesquels nous envisageons d’investir.» Avant de prendre une décision, la Caisse effectue un an, voire plus, de recherches sur la pertinence d’investir. «Le vrai risque, c’est la perte en capital, ajoute Roland Lescure. C’est là où notre expertise financière entre en jeu. Le process d’investissement est la colonne vertébrale. Nous discutons avec l’ensemble de l’équipe d’investissement : ce processus de séparation des pouvoirs nous protège de la perte en capital».