Ethias a constitué un fonds de pension et négocie actuellement son agrément par la FSMA. L’assureur proposera à ses clients assurance-groupe (essentiellement des collectivités et des entreprises publiques) de glisser vers ce fonds de pension, au nom d’un «meilleur rendement potentiel». «L’assurance-vie est une activité fondamentalement menacée. Les assureurs-vie vont devoir revoir leur business model, ou songer à la consolidation.» Jean Hilgers, directeur de la Banque nationale (BNB), était très clair la semaine dernière lors de la présentation du «Financial stability report», qui chaque année donne le pouls du secteur financier belge. Ce qui menace l’assurance-vie, c’est la (très) grande faiblesse des taux d’intérêt actuels. Avec des taux nuls voire négatifs, il devient très compliqué d’assurer aujourd’hui les 3 ou 4% pourtant garantis par des contrats de branche 21 souscrits dans le passé. Pour donner une ampleur du problème, en 2014, le rendement moyen garanti en assurance-groupe était encore de… 3,27%. Jusqu’ici, les compagnies compensent par des plus-values sur les portefeuilles financiers. En 2015, ces plus-values ont atteint 1,5 milliard d’euros pour le secteur dans son ensemble. Mais elles ne pourront pas éternellement compenser ainsi les taux archiplats en vigueur sur les marchés. L’an dernier, le résultat net global des assureurs-vie belges n’a été que de 200 millions d’euros, malgré ce 1,5 milliard de plus-values. À ce rythme-là, le secteur va dans le mur et c’est pourquoi la BNB conseille vivement de «repenser le business model». Chez Ethias, c’est en cours. Le 4e assureur du pays a constitué il y a quelques mois un fonds de pension et négocie actuellement son agrément par l’autorité des services et marchés financiers (FSMA), a appris L’Echo. Une fois lancé, il sera proposé aux clients d’Ethias en assurance-groupe, essentiellement des collectivités locales et des entreprises publiques, de transférer leurs contrats (le plus souvent de branche 21 c’est-à-dire assortis d’un rendement minimum garanti) vers le fonds de pension, qui pour sa part ne garantit ni capital, ni rendement. Ethias gère 4 milliards d’euros de réserves en assurance-groupe, essentiellement en branche 21. L’an dernier, la production a été de 272 millions d’euros. «Rendement potentiel» Pourquoi les collectivités et entreprises seront-elles invitées à glisser vers le fonds de pension? Au nom d’une «perspective de rentabilité potentiellement plus élevée que représente le fonds de pension», nous indique-t-on chez Ethias. Actuellement, Ethias garantit 1% de rendement à l’employeur sur les nouveaux versements, l’employeur étant légalement tenu de servir un minimum 1,75%, selon les nouvelles dispositions en vigueur depuis le 1er janvier dernier. «Compenser la différence n’est pas à la portée de toutes les entreprises, encore moins du secteur public, vu le contexte d’austérité budgétaire dans lequel il doit évoluer», fait-on valoir chez Ethias. Moins de contraintes Pour l’assureur, un fonds de pension présente l’avantage, par rapport à l’assurance- groupe, d’être nettement plus souple d’un point de vue réglementaire. Que ce soit en matière de solvabilité ou de composition des fonds propres, les exigences et les contrôles sont bien moindres. Ethias se défend toutefois de vouloir échapper aux contraintes de l’assurance-vie. «Notre objectif premier est de proposer à nos assurés une gamme complète de produits permettant à chacun de faire un choix éclairé par rapport à ses besoins de rendement.»