Normalisation. 2018 s’annonce comme l’année du changement de régime sur les marchés de taux. Ray Dalio, le patron du géant des hedge funds Bridgewater, évoque même un bear market. En un mois, le rendement de l’emprunt à 10 ans américain a bondi de 43 points de base (pb) à 2,84 %, à son plus haut depuis janvier 2014, non loin des 3 % que la plupart des stratégistes anticipaient pour la fin d’année. En zone euro, celui du Bund prend 30 pb, à 0,73 %, tandis que l’OAT 10 ans repasse la barre de 1 %. Aux Etats-Unis, ce réajustement est lié à la reconstitution des anticipations d’inflation, dans le sillage, notamment, des dernières statistiques sur les salaires montrant une accélération en décembre à 2,9 %. Le swap d’inflation 5 ans/5 ans monte à 2,45 %. Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à anticiper 3 hausses de taux des Fed funds cette année. A cela s’ajoute l’anticipation d’un afflux de papier, pour financer la hausse du déficit public américain consécutive à la réforme fiscale, au moment où la Fed se retire progressivement du marché. En Europe, les bons chiffres de croissance en 2017 et les indices PMI toujours à des plus hauts interrogent sur la normalisation à venir de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Si une hausse des taux est peu probable avant 2019, compte tenu des niveaux bas d’inflation, la question de la fin du programme de rachat d’actifs se pose. Elle pourrait être annoncée en septembre. Même au Japon, les investisseurs s’interrogent sur l’évolution de la politique monétaire de la banque centrale (lire page 16). Ces tensions se matérialisent par une hausse de la volatilité sur les marchés de taux. Elle reste pour l’heure modérée. Son accélération est la véritable crainte des opérateurs.