Prudence. La Banque centrale européenne (BCE) salue, dans son dernier rapport sur la stabilité financière en Europe, les mesures qui ont permis de limiter le niveau de stress systémique en mars 2020. Il reste pourtant trois vulnérabilités au sein de l’économie européenne. La première est une conséquence directe des interventions des banques centrales : les investisseurs s’attendent désormais à un soutien continu aux marchés financiers, ce qui déforme les prix et découple valorisation et fondamentaux. Une correction brutale pourrait avoir lieu, surtout si une diminution de l’appétit pour le risque déclenchait une vente des actifs aux rendements les moins intéressants. La soutenabilité de la dette est un autre point d’attention. A l’échelle de l’Union européenne, le déficit budgétaire atteignait 5,6 % au troisième trimestre 2020, contre 0,5 % en 2019. Les inquiétudes portent pourtant moins sur les dettes souveraines que sur les dettes d’entreprises et des ménages, qui pourraient souffrir de la fin du soutien gouvernemental. Les entreprises zombies, ne survivant qu’à l’aide des prêts à taux bas et des programmes de soutien, pourraient grever la reprise. Enfin, la solidité du système bancaire inquiète la BCE. Peu profitables, exposées à une augmentation des défauts d’entreprises ou individuels, les banques européennes pourraient, en limitant la production de crédit par excès de prudence, gripper le rebond économique.