Nous sommes en janvier 2000. Ceux qui ont traversé la dernière grande bulle boursière, à l’époque où un simple suffixe, « dotcom », transformait une source tarie en fontaine miraculeuse, connaissent bien cette sensation. Une partie du marché actions défie les lois de la finance et de la gravité. De Reddit à TikTok Finance, les forums de discussion s’enflamment, les particuliers redécouvrent les joies des plus-values faciles, de l’effet de levier et des options d’achat. Privés de loisirs par la pandémie, ils n’ont plus que le grand casino du trading pour frissonner. Elon Musk s’entiche d’un service de messagerie ? Une obscure valeur homonyme voit aussitôt son prix décuplé. Les vendeurs à découvert assaillent GameStop, une enseigne bien connue des gamers ? La coalition des petits porteurs organise la contre-attaque et prend à leur propre piège les fonds d’arbitrage, dans une inversion inédite du rapport de force entre investisseurs avertis et néophytes. Comme toute légende dorée, celle-ci a ses saints. Le gourou du moment s’appelle Catherine Wood, fondatrice d’Ark, un gestionnaire de fonds indiciels cotés qui a parié avant les autres sur le succès de Tesla et dont la collecte, ces dernières semaines, dépasse celle du leader mondial iShares.