Les marchés émergents sont à nouveau dans les radars des investisseurs. Après une année 2018 difficile, les émergents, tant du côté de la dette que des actions, attirent des milliards de dollars. Durant la semaine au 6 février, les fonds spécialisés sur la dette et les actions émergentes ont ainsi attiré quelque 2,8 milliards de dollars, selon la dernière étude hebdomadaire de Bank of America Merrill Lynch Global Research. Le mouvement se poursuit depuis plusieurs semaines. Dans le dernier sondage mensuel Fund Manager Survey de Bank of America Merrill Lynch, réalisé entre les 1er et 7 février, les gestionnaires ont classé les actions des pays émergents comme leur classe d’actifs favorite. Du jamais vu dans l’histoire de ce sondage. Est-ce à dire qu’il serait temps de se méfier de l’univers émergent? Car les classes d’actifs les plus prisées sont aussi celles qui se retrouvent parfois à la cave, peu de temps après avoir atteint des sommets. Le bitcoin, la monnaie virtuelle, et les actions FAANG sont des exemples récents de niches d’investissement très recherchées qui ont été assez sévèrement corrigées. Le pire n’est pas non plus certain et de nombreux arguments militent en faveur des émergents. D’abord les fondamentaux se sont améliorés. On le sait, mis à part les situations idiosyncratiques dont certaines comme celle de l’Argentine, les investisseurs ont plutôt une vision favorable sur la conjoncture dans les émergents. En outre, l’évolution récente de l’environnement monétaire est plutôt favorable pour les valeurs émergentes. En effet, les banquiers centraux, des deux côtés de l’Atlantique, ont estimé qu’il fallait faire une pause dans le processus de normalisation de la politique monétaire. Autrement dit, la liquidité internationale va se maintenir à un bon niveau. Et puis, certains relèvent aussi que les marchés développés ont beaucoup plus progressé que les marchés émergents ces derniers temps et qu’en termes relatifs, l’univers émergent offre des opportunités d’investissement très intéressantes. Cela dit, les raisons de s’inquiéter ne manquent pas non plus. A commencer, selon le dernier Fund Manager Survey, par le risque d’une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, un risque qui connaît des périodes d’accalmie mais qu’il est difficile de complètement écarter compte tenu de l’attitude souvent imprévisible du président américain Donald Trump. Le ralentissement de l’économie chinoise fait également des principales préoccupations de l’heure chez les investisseurs même si le gouvernement chinois dispose de nombreux moyens de donner un coup de pouce à la croissance. Il existe toutefois une raison liée au calendrier qui pourrait encore faire pencher la balance en faveur des émergents, à savoir l’inclusion de nouveaux entrants dans les indices globaux comme les actions domestiques chinoises. Les plus grands fournisseurs d’indices, FTSE Russell, MSCI ou encore S&P Dow Jones Indices vont revoir dès cette année leurs indices afin d’intégrer les SACKs, l’Arabie saoudite, l’Argentine, la Chine et ses actions A et le Koweit. Selon une étude d’UBS citée par Bloomberg, cette refonte des indices pourrait donner lieu à environ 121 milliards de dollars de flux dans les fonds actifs et passifs de l’univers émergent. Autrement dit, les incertitudes restent prégnantes mais de nombreux investisseurs ont envie de parier sur la classe émergente. Plusieurs grandes maisons ont d’ailleurs revu à la hausse leur exposition aux émergents. C’est notamment le cas de Pimco. «Les émergents ont beaucoup souffert l’an dernier. Mais avec la pause de la Réserve fédérale et la perspective d’un réchauffement des relations entre Les Etats-Unis et la Chine qui a par ailleurs engagé un programme de stimulation qui devrait permettre de limiter le ralentissement de l’économie, les émergents deviennent beaucoup plus intéressants. D’autant plus que cet univers offre des marges de manœuvre importantes. Nous avons récemment augmenté notre exposition aux pays émergents à 15% après avoir été short sur cet univers jusqu’en août 2018. Parmi les secteurs intéressants, on peut citer les actions asiatiques, notamment la consommation et les semi-conducteurs, le crédit corporate en dollar, ou encore les promoteurs immobiliers chinois», expliquait récemment à NewsManagers Geraldine Sundstrom, gestionnaire de portefeuilles, spécialisée dans les stratégies d’Allocation d’actifs chez Pimco.