Après les excès de 2017, le retour à la normale intervenu l’an dernier exige une attention de tous les instants. Depuis plus de six mois, le marché européen des obligations High Yield évolue dans un environnement particulièrement compliqué, où les éléments positifs le disputent quasiment à parts égales aux éléments négatifs, estime Allianz Global Investors. Au chapitre des points positifs, la prime très intéressante qu’offre laclasse d’actifs au regard des fondamentaux des entreprises; de même, la solidité du profil de liquidité des sociétés high yield, grâce au support des marchés de capitaux et aux sources de financement disponibles.Enfin, le marché profite de la rareté de l’offre : sa taille s’est sensiblement rétrécie (20% de baisse par rapport au pic de 340 milliards d‘euros en 2015), du fait d’une réduction du nombre d’émissions, mais aussi de l’amélioration de la notation de nombreuses entreprises qui ont rejoint le segment « Investment grade ». Du côté des éléments négatifs, on retrouve les risques géopolitiques, avec le Brexit,les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine etles élections européennes, le resserrement des politiques monétaires américaine et européenne, tout comme le ralentissement de la croissance économique mondiale. Autre facteur de préoccupation, la perspective d’une augmentation des défauts d’entreprises : même s’ils restent à un niveau assez bas, Moody’s anticipe un taux de défaut moyen de 3,04% d’ici un an, contre 1,29% l’an dernier. Ce niveau reste toutefois sensiblement inférieur à la moyenne de long terme de 3,70%. « C’est pour toutes ces raisons que nous privilégions une gestion agile », a commenté ce 29 janvierVincent Marioni, directeur des investissements crédit Europe, à l’occasion d’un point de presse. « Dans un tel contexte, une gestion active des portefeuilles est essentielle pour générer de l’alpha et éviter les écueils, alors même qu’il n’est pas aisé de pouvoir se positionner rapidement sur les actifs sélectionnés ». Ce début d’année traduit parfaitement les contradictions du moment : dans un contexte de forte volatilité, souvent perçue comme un élément négatif, le marché du high yield européen a récupéré en quinze jours la moitié de ce qu’il avait perdu l’an passé. Mais avec quelle pérennité ? Selon Vincent Marioni, « en 2019, les investisseurs vont devoir composer avec des épisodes de volatilité, une faible visibilité sur le cycle économique et des risques géopolitiques omniprésents. Ce sera sans doute l’occasion de saisir des opportunités... si l’on réussit à les toucher au prix qui nous convient », précise-t-il. En termes sectoriels, AllianzGI reste vigilant sur la distribution, l’automobile, la construction et les télécoms. S’agissant de ce dernier secteur, AllianzGI observe qu’il est depuis plusieurs mois sous pression. A l’origine de cette situation : une évolution à la baisse du revenu moyen par abonné sur le marché du mobile et une moindre génération de cash-flows pour certains émetteurs. Et ce, alors qu’aujourd’hui les économies de coûts et les synergies ne soutiennent plus les marges. Résultats : ces émetteurs lourdement endettés n’ont d’autres solutions que de céder certains de leurs actifs pour faire face à ces vents contraires...