Alors que Berkshire Hathaway a publié le samedi 24 février ses résultats annuels, son dirigeant et fondateur Warren Buffett, s’est livré comme chaque année à son exercice favori dans la lettre à ses actionnaires : fustiger Wall Street, les chefs d’entreprise peu scrupuleux et les gérants d’actifs. «L’oracle d’Omaha», qui tiendra son assemblée générale le 5 mai prochain (diffusée par vidéo en direct et en replay, elle attire plus de 17 millions de vues!), est revenu comme l’an dernier sur son pari à 1 million de dollars passé avec un autre gestionnaire d’actifs, en l’occurrence Protégé Partners, voici 10 ans. En 2017, le pari qui consistait à comparer les performances d’un fonds passif avec des gérants actifs sur toute une décennie, est arrivé à son terme. Et Warren Buffett jubile: «j’ai enfin le résultat, et sur de nombreux aspects, c’est une révélation», écrit-il.J’ai fait ce pari (en 2007) pour deux raisons, explique-t-il. La première est de tirer parti d’une mise de départ de 318.250 dollars en une somme disproportionnellement plus importante qui - si tout se passait comme prévu - serait distribuée début 2018 à Girls Inc. d’Omaha; et deuxièmement, faire connaître ma conviction que mon choix - un investissement pratiquement gratuit dans un fonds indiciel S & P 500 non géré - produirait, au fil du temps, de meilleurs résultats que ceux obtenus par la plupart des professionnels de l’investissement, bien considérés et incités par des commissions. «Répondre à cette question est d’une importance primordiale», poursuit-il. Les investisseurs américains paient chaque année des sommes astronomiques aux conseillers, ce qui entraîne souvent plusieurs niveaux de coûts indirects. Dans l’ensemble, ces investisseurs en ont-ils pour leur argent? En effet, encore une fois dans l’ensemble, les investisseurs obtiennent-ils quoi que ce soit par rapport à leur mise de départ?"Évidemment, pour Warren Buffett, la réponse est «non». Le fonds indiciel qu’il a choisi a ainsi fait 40 % de mieux que le plus performant des fonds mesurés (cinq fonds de fonds investissant dans les 200 meilleurs hedge funds du monde restés anonymes). Et surtout, «même chez les fonds qui ont perdu de l’argent, les gérants ont pu s’enrichir grâce à des commissions fixes ". Et de rappeler à tous les investisseurs qui paient des gérants d’actifs: «la performance, ça va ça vient, les commissions ça ne faiblit jamais»!Allant bon train aussi dans ses leçons données à Wall Street, le vieux sage s’en est pris cette fois aux dirigeants d’entreprises qui sont dans «une frénésie d’acquisitions». Il assure ainsi que pour lui-même, la quasi-totalité des transactions qu’il a examinées en 2017, n’a pas abouti «car les prix pour acquérir des entreprises décentes, mais loin d'être exceptionnelles, ont atteint un sommet historique». Pour lui, les prix semblaient presque hors de propos «pour une armée d’optimistes acheteurs». Pourquoi donc y’a-t-il eu une frénésie d’achat en 2017? «En partie parce que le job de directeur général promeut tout naturellement des « va-t’en guerre ». Les analystes ou les administrateurs les poussent à chercher des acquisitions, mais c’est un peu comme de dire à votre adolescent qui arrive à maturité qu’il peut maintenant avoir une vie sexuelle normale. Dès qu’un patron se met à chercher une cible, il va trouver tous les arguments qui justifient son opération [...]. Les banquiers d’affaires, qui flairent les commissions, applaudissent eux aussi (ne jamais demander à un coiffeur si vous avez besoin d’une coupe) », écrit-il.