Ce 14 juin, la BCE a annoncé la réduction de ses achats d’actifs à partir de septembre 2018 à 15 milliards d’euros par mois, contre 30 milliards actuellement, jusqu’en décembre 2018. A cette date, sa politique accommodante prendra fin. Selon son président Mario Draghi, les taux d’intérêt ne devraient pas augmenter au plus tôt d’ici la fin de l’été 2019. Après des années de QE due à la crise financière de 2007, NewsManagers vous propose de revenir sur cet évènement via une sélection des premières réactions de sociétés de gestion :- Pictet AM (Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement) :Le président Draghi a annoncé une réduction progressive de 15 milliards d’euros par mois au quatrième trimestre 2018, la fin des achats d’actifs étant prévue en décembre. Ceci est plutôt une bonne surprise, une partie importante des investisseurs estimant jusque-là la fin des achats à septembre.Autre bonne nouvelle pour les investisseurs, les prévisions concernant les taux d’intérêt ont été ajustées pour tenir compte des risques à la baisse plus élevés qui pèsent sur les perspectives économiques, même si la croissance sous-jacente demeure forte. En effet, les taux directeurs de la BCE devraient rester "à leurs niveaux actuels au moins jusqu'à l'été 2019 et, en tout état de cause, aussi longtemps que nécessaire pour que l'évolution de l’inflation reste alignée sur les anticipations actuelles d’une trajectoire d’ajustement soutenue».- Fidelity International (Nick Peters Multi Asset portfolio manager)Nous avons été quelque peu surpris par le degré de franchise affiché lors de la réunion d’aujourd’hui de la BCE, qui, à notre avis, était inutile.L’annonce que le QE serait réduit à 15 milliards d’euros par mois au quatrième trimestre, avant de se terminer en décembre, était plus ou moins attendue. La surprise a été que Draghi s’est engagé à ne pas augmenter les taux avant septembre 2019 au plus tôt. (..)La réponse instinctive des marchés a été de vendre l’euro. Cela peut aller plus loin. Non seulement la zone euro doit faire face à une économie qui a atteint un sommet et est sous-performante par rapport aux Etats-Unis, à des préoccupations géopolitiques à moyen terme et à des prix pétroliers plus élevés - mais maintenant elle ne verra pas de taux d’intérêt positifs avant le prochain ralentissement mondial, entrant alors dans ce ralentissement avec très peu de munitions.- BofA Merrill Lynch Global Research:Ce que nous trouvons de plus surprenant dans cette décision concernant les orientations à venir, c’est qu’elle a été unanime. Nous avons toujours pensé qu’un important contingent belliciste croirait toujours à une sorte de «miracle» sur l’inflation sous-jacente et voudrait conserver au moins la possibilité de faire une hausse des taux pour le premier semestre 2019. Bien sûr, les orientation peuvent toujours changer, mais le prix en termes de crédibilité (...) serait élevé. Cela peut vouloir dire que les préoccupations sur les risques pour la croissance et l’inflation ne se limitent pas à Draghi et ses alliés mais s’est élargi aux faucons. Après tout, si la guerre commerciale est le principal risque à venir, des économies très ouvertes comme l’Allemagne et les Pays-Bas seraient parmi les premières touchées.- M&G (Wolfgang Bauer, gérant du M&G Absolute Return Bond Fund) :"Le ton de la BCE aujourd’hui était on ne peut plus « dovish ». Comme on s’y attendait, la BCE a fixé une date butoir pour les achats nets d’actifs. Les volumes d’achat ne chuteront toutefois pas subitement de 30 milliards d’euros par mois actuellement, à zéro à la fin septembre. Ceux-ci diminueront progressivement de 15 milliards d’euros par mois au quatrième trimestre, avant d'être éventuellement arrêtés à la fin de l’année. Il convient toutefois de souligner que cela ne marque pas la fin de l’assouplissement quantitatif en Europe. La BCE va réinvestir la dette arrivant à échéance pendant une période prolongée après la fin des achats nets, continuant ainsi à injecter des liquidités sur les marchés obligataires européens dans un avenir prévisible, mais à un rythme beaucoup plus lent qu’au cours des deux dernières années. Du côté des taux, la BCE a de facto exclu toute hausse des taux pour le premier semestre de l’année prochaine. Les données économiques récentes étant nettement plus faibles qu’au second semestre 2017, les chances d’une hausse des taux début 2019 étaient de toute façon devenues assez minces. La déclaration de la BCE aujourd’hui a toutefois levé toute ambiguïté qui subsistait. "- Robeco (Léon Cornelissen, chef économiste) :Contrairement à la Fed qui a mis un terme à son orientation anticipée hier soir pour tenter de créer plus de marge de manœuvre, la BCE continue de respecter un calendrier plutôt rigide à première vue. Plus l’horizon est long, plus la crédibilité est faible, bien sûr, surtout à la lumière du flux de données économiques plutôt faible de la zone euro récemment. Mais l’avantage du point de vue de la BCE est d’immuniser ses décisions contre les développements politiques, par ex. Italie. Ses cartes sont sur la table, au moins jusqu’au printemps 2019.