Bertrand Labilloy, directeur général de CCR à la rédaction d’Option Finance : «L’opération de restructuration de nos activités de réassurance nécessitait de sécuriser le montant des fonds propres économiques transférés à notre future filiale de réassurance de marché afin d’asseoir son rating initial. Ce d’autant plus qu’une partie significative des 750 millions d’euros de fonds propres économiques de CCR Re sont constitués de plus-values latentes. Pour ce faire, nous aurions très bien pu prendre nos profits et réinvestir cette somme sur les marchés obligataires peu risqués. Mais outre que nous avons besoin de nous couvrir contre le risque d’inflation à long terme, cette stratégie n’était pas séduisante compte tenu du niveau des taux. Nous avons donc préféré mettre en place une politique de couverture sur une grande partie de notre poche actions. Ce choix a également été fait car depuis le début de l’année les marchés boursiers sont très volatils et ne montrent pas de tendance marquée à la hausse ou à la baisse. De plus, nous avions bien identifié les risques politiques en 2016, avec le référendum au Royaume-Uni, l’élection présidentielle aux Etats-Unis, puis le référendum en Italie. Il était donc important face à cet environnement particulier de mettre en place un outil de protection de notre bilan au niveau du groupe. La décision de principe de mettre en place une politique de couverture a été prise au mois de janvier. Après avoir formulé précisément nos besoins et fait valider notre démarche par le conseil d’administration, nous avons procédé à une consultation restreinte sur le marché et sélectionné Russell Investments. L’overlay couvre aujourd’hui 35 % de notre poche actions et, au sein de celle-ci, notre exposition aux actions internationales à travers une dizaine d’OPCVM ouverts. Le reste de notre portefeuille actions n’est pas couvert par l’overlay car principalement investi dans des fonds par nature moins volatils, comme des produits minimum variance qui limitent les prises de risque. Pour l’instant, le bilan de cette couverture overlay est plutôt positif. Elle nous a en effet permis de réduire d’un tiers la volatilité de notre portefeuille actions ce qui est tout à fait significatif. L’efficacité de cette couverture se retrouve également en comparant la performance de notre portefeuille d’actions avec et sans cette couverture. Globalement, nous avons couvert des fonds, qui sont gérés de manière très active, mais cette couverture n’a pas empêché nos gérants de continuer à délivrer en moyenne une surperformance par rapport à leurs indices de référence. Nous avons mis en place un dispositif de couverture dont les modalités peuvent évoluer au fil du temps. Actuellement, il fonctionne par le biais de futures sur indices pour couvrir en permanence le portefeuille et cela dès la moindre fluctuation boursière. Mais, à l’avenir, nous pourrions décider de couvrir uniquement le portefeuille à partir d’un certain seuil de baisse des marchés. Nous pourrions même décider d’interrompre la couverture si les tendances sur les marchés actions nous semblaient plus favorables. Une politique de couverture a en effet un coût qu’il faut prendre en compte (frais liés à l’utilisation des dérivés, à la gestion…). Nous devons donc la piloter au mieux pour éviter qu’elle intervienne à mauvais escient. A ce stade nous n’allons pas réduire notre protection le temps d’y voir plus clair sur l’environnement politique et de marché. A partir du 1er janvier notre filiale CCR Re fera l’objet d’une nouvelle gouvernance. Son conseil d’administration définira l’appétence au risque de cette activité et son allocation stratégique d’actifs. En fonction du résultat, nous verrons s’il est nécessaire ou non de maintenir notre gestion overlay.»