Difficile parfois de continuer à les qualifier « d’illiquides »... Les actifs appelés ainsi ou dits non cotés ou actifs privés rassemblant le private equity, la dette privée, l’immobilier, l’infrastructure, le sont de moins en moins. « On peut les caractériser par une inefficience de marché qui ne permet pas leurs sorties mais on a assisté ces dernières années à un tel afflux de liquidités sur toutes les classes d’actifs y compris dans les compartiments dits illiquides qu’on assiste à une perte de valeur, les primes d’illiquidité se sont nettement comprimées », analyse Carlo Farina, responsable de l’immobilier et des actifs privés au sein du fonds de pension du CERN, au cours du Global Invest Forum, jeudi 11 octobre. Selon le cabinet Indefi, la classe « private assets » a connu une croissance de plus de 10% par an depuis 2012, atteignant 1.500 milliards d’euros soit 10% des encours des investisseurs institutionnels européens, indique Agnès Lossi, managing partner. Au sein de cette classe, la poche dette privée profite d’une très forte croissance, représentant 18% du non coté. « Les investisseurs se positionnent sur la dette privée soit pour mener une stratégie sur la dette high yield en recherchant de la liquidité en Europe soit pour capter des primes d’illiquidités avec un biais domestique sur des petites et moyennes capitalisations », précise Agnès Lossi. L’immobilier capte quant à lui 56%, l’infrastructure 9%, et le private equity 18% des encours dans le non coté en Europe. « En France, la dette privée a connu un avant et après 2013 avec le lancement des fonds Novo », commente Joël Prohin, responsable du pôle gestion des portefeuilles de la Caisse des Dépôts (CDC) à l’origine de cette initiative de place. « L’immobilier reste également un actif très présent dans le portefeuille des institutionnels français. Ces derniers montrent également un appétit très vif pour l’infrastructure mais les opportunités y sont souvent inférieures à l’enveloppe existante », ajoute-t-il. Enfin, le private equity garde un poids stable mais la quantité de « dry powder » ne cesse d’augmenter. « Depuis trois ans, les fonds dans lesquels nous sommes investis, revendent les entreprises détenues mais réinvestissent moins », remarque Joël Prohin. Le fonds de pension du CERN et la CDC ont aussi choisi de s’orienter vers d’autres actifs illiquides comme les forêts et les fermes. Le terme illiquide peut être compris également selon différents points de vue, lui conférant une appréciation relative. « Certaines obligations souveraines très recherchées et classées en buy&hold composent un marché de moins en moins liquide », observe Joël Prohin. TV