L’année 2018 se présente sous les meilleurs auspices pour l’actionnariat salarié en France. A fin juin 2018, les entreprises du SBF 120 ont en effet annoncé 26 opérations d’actionnariat salarié, selon une étude présentée hier à la presse par Eres, le spécialiste de l’actionnariat salarié et de l’épargne salariale. Ce chiffre est en hausse de 37% par rapport à la même période de 2017, date à laquelle seules 19 opérations avaient été enregistrées. « 2018 s’annonce comme un grand cru pour l’actionnariat salarié », a avancé Olivier de Fontenay, directeur général d’Eres.Une bonne nouvelle après un exercice 2017 mitigé. « Le bilan de l’année 2017 est en demi-teinte pour l’actionnariat salarié », n’a pas caché Olivier de Fontenay. De fait, la part des entreprises du SBF 120 ayant un dispositif collectif d’actionnariat salarié ne cesse de baisser depuis 2012 pour s’établir à 73,5% à fin 2017 contre 82% en 2013. « C’est la preuve que l’actionnariat salarié ne se porte pas si bien en France », a constaté Olivier de Fontenay. De même, la part du capital détenue par les salariés (hors dirigeants) est passé de 2,9% en 2012 à 2,2% en 2017. Enfin, le taux de démocratisation (à savoir le pourcentage de salariés actionnaires par rapport au nombre de salariés total) a également diminué pour s’établir à 39% fin 2017 contre 50% en 2012. « La baisse de ces indicateurs est liée, notamment, à l’instabilité et l’alourdissement de la fiscalité sur les programmes d’attributions gratuites d’actions, a expliqué le directeur général d’Eres. En 2017, nous avons comptabilisé 5 plans collectifs d’attributions contre 11 en 2012. En outre, la hausse du forfait social de 8% à 20% a diminué les budgets d’abondement, rendant ainsi les plans d’attributions gratuites beaucoup moins attractifs. »Le tableau est pourtant loin d’être aussi noir pour l’actionnariat salarié en France. En 2017, 28 entreprises du SBF 120 (soit 23%) ont en effet réalisé 32 opérations d’actionnariat salarié (augmentation de capital réservée aux salariés ou cession d’actions), note Eres dans son étude. Un chiffre en-deçà du record de 35 opérations enregistrées en 2016 mais qui reste « supérieur à la moyenne observée depuis 2006, soit 30 opérations par an », a expliqué Olivier de Fontenay. Mieux, l’an dernier, le montant total des opérations réalisées a atteint le niveau record de 2,7 milliards d’euros, bien au-dessus de la moyenne de 2 milliards d’euros depuis 2012. « Les opérations d’actionnariat salarié ont représentées 19% de la valeur de l’ensemble des offres publiques réalisées en 2017 en France », a souligné Olivier de Fontenay. Autre indicateur satisfaisant : le montant moyen des opérations frôle désormais les 100 millions d’euros (99,6 millions d’euros exactement), contre une moyenne de 79,5 millions d’euros depuis 2012.Autre enseignement notable : la performance des programmes d’actionnariat salarié se maintient à un niveau très satisfaisant, à en croire Eres. De fait, sur 175 opérations d’actionnariat salarié réalisées par les entreprises du SBF 120 entre 2006 et 2012, les salariés ont été gagnants dans 80% des cas sans abondement, avec le dividende et la décote, « alors qu’un actionnaire individuel normal aurait été gagnant dans 71% des cas seulement », note l’étude d’Eres. Avec un taux d’abondement de 100%, les salariés auraient été gagnants dans 95% des cas au bout de 5 ans.L’étude Eres s’est également attardée sur la place de l’actionnariat salarié dans les sociétés non cotées. Et force est de constater que ce dispositif reste encore limité en France. Sur la base d’une étude de 2016 menée par Opinionway auprès de 700 entreprises de 20 à 100 salariés, seulement 4% d’entre elles avaient mis en place un dispositif d’actionnariat salarié. « La France est clairement en retrait dans ce domaine par rapport au reste de l’Europe », a noté Matthieu Chauvin, directeur commercial d’Eres. Surtout, seules 5% des entreprises envisagent de mettre en place un tel dispositif à l’avenir. Les dirigeants s’inquiètent notamment de potentiels problème de confidentialité en interne, de problèmes de gouvernance et de dilution du pouvoir et, enfin, des conséquences en cas de transmission de l’entreprise. Pour autant, en 2017, l’étude d’Eres souligne que 52 entreprises ont tout de même réalisé 74 opérations d’actionnariat salarié en 2017. Eres a également constaté que pour la majorité des entreprises non cotées, l’entrée d’un nouvel actionnaire est à l’origine de 54% des opérations d’actionnariat salarié.