L’actualité des grandes banques centrales de la planète, celles de la zone euro (BCE), des Etats-Unis (Fed), du Royaume-Uni (BoE), du Japon (BoJ). Nos analyses et éclairages sur les politiques monétaires mises en œuvre par ces autorités au cœur de l’économie mondiale.
Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne tenait mercredi soir une réunion d’urgence pour évoquer les mesures que pourrait prendre l’institution européenne à la lumière des derniers développements de la crise sanitaire en cours, selon Reuters. Les marchés européens ont enregistré ces dernières semaines des glissades d’une ampleur considérable et les intervenants s’interrogent sur la vigueur des mesures monétaires prises par la BCE alors que le coût de l’emprunt public s’envole.
Que de couacs de communication à la BCE ! «La politique monétaire est loin, très loin d’avoir atteint ses limites. La boîte à outils de la politique monétaire est encore bien dotée», a dû préciser mercredi matin Robert Holzmann, gouverneur de la banque centrale d’Autriche et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE). Dans un entretien publié plus tôt par le journal autrichien Der Standard, le banquier central a déclaré que la BCE était à court de munitions pour soutenir l'économie. Ce qui faisait monter le risque d’un krach obligataire sur les dettes souveraines de la zone euro après les premières déclarations maladroites de Christine Lagarde jeudi dernier.
La banque centrale de Pologne (NBP) a annoncé mardi avoir baissé de 50 points de base son principal taux directeur à 1%, son plus-bas historique, afin de limiter les effets économiques de l'épidémie de coronavirus. Il s’agit de la première baisse des taux depuis mars 2015. Le taux d’escompte et le taux lombard ont été réduits, respectivement à 1,1% et 2%. La Banque centrale a également baissé le niveau des réserves obligatoires des banques de 3,5% à 0,5%, en augmentant en même temps le taux d’intérêt sur ces réserves de 0,5% à 1%.
La Réserve fédérale américaine (Fed) relance les mesures exceptionnelles qu’elle avait prise lors de la crise financière de 2008. La banque centrale américaine a annoncé ce mardi qu’elle allait recommencer à acheter de la dette d’entreprises à court terme afin de rouvrir le marché du crédit. Ces derniers jours, le marché américain du commercial paper (billet de trésorerie) était totalement paralysé.
La Banque du Japon (BoJ) a injecté mardi 30,3 milliards de dollars sur les marchés dans le cadre d’une opération de financement à 84 jours en dollars, sa première après que la Réserve fédérale américaine a proposé dimanche un swap à 3 mois à un meilleur prix pour atténuer les contraintes de financement en dollars des autres grandes banques centrales face à la crise du coronavirus.
Les gouvernements, confrontés à la pandémie du coronavirus, doivent stimuler l'économie mondiale de façon coordonnée s’ils veulent stabiliser la situation, souligne lundi la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva, dans un billet de blog. Le FMI n’a pas encore mesuré précisément l’impact du coronavirus sur l'économie mondiale, indiquant juste que la croissance serait moins forte que l’an passé. Mais les économistes sont toujours plus nombreux à anticiper une récession mondiale cette année à mesure que les pays prennent des mesures de confinement pour lutter contre ce virus. Elle a rappelé que le FMI était en capacité de mobiliser 1.000 milliards de dollars de financement.
La crise du coronavirus n’affectera pas l’accès aux espèces, assure lundi la Banque de France, qui indique avoir pris «toutes les dispositions» en ce sens et dit ne pas avoir constaté de hausse des retraits dans les distributeurs automatiques de billets. «Un groupe de robustesse piloté par la Banque de France et associant tous les acteurs de la filière (transporteurs de fonds, fédération bancaire française, établissements de crédit, fédérations du commerce, pouvoirs publics) est en place pour veiller à l’alimentation des points de distribution d’espèces», explique-t-elle dans un communiqué. Elle n’a observé «aucune hausse particulière des retraits auprès des près de 53.000 distributeurs automatiques de billets implantés en France métropolitaine». Elle dit demeurer vigilante quant à l'évolution des retraits d’espèces.
A l’occasion d’une réunion d’urgence, le gouverneur de la Banque du Japon (BOJ), Haruhiko Kuroda, a déclaré lundi qu’une baisse du taux des dépôts à court terme, actuellement à -0,10%, demeurait une option pour assouplir la politique monétaire à l’avenir. «Je ne pense pas que la BOJ ait atteint la limite avec un taux de moins 0,1%. Je pense qu’il est encore possible d’abaisser ce taux plus profondément en territoire négatif, et nous comptons le faire si cela devient nécessaire», a précisé Haruhiko Kuroda.
La banque centrale de Corée avait laissé, contre toute attente, ses taux inchangés lors de sa dernière réunion de politique monétaire. Face à l’aggravation de la pandémie de coronavirus et après la décision, hier, de la Fed d’abaisser de 100 points de base (pb) ses taux directeurs à 0%-0,25%, la Banque de Corée a réduit de 50 pb son principal taux directeur à 0,75%, un plus bas historique. C’est la première fois depuis 2008 qu’elle baisse ses taux en-dehors d’une réunion de politique monétaire. D’autres banques centrales (Nouvelle-Zélande, Japon) ont ajusté leur politique monétaire ce matin.
Les gouvernements, confrontés à la pandémie du coronavirus, doivent stimuler l'économie mondiale de façon coordonnée s’ils veulent stabiliser la situation, souligne lundi la directrice générale du FMI dans un blog. « Un contact constant et une coordination étroite sont les meilleurs médicaments pour garantir que la douleur infligée par le virus est de courte durée », écrit Kristalina Georgieva.
Les trois opérations de mise en pension («repo») proposées jeudi aux banques américaines par la Fed pour un total de 1.500 milliards de dollars ont eu peu de répondant. Jeudi, 78,4 milliards de dollars (sur 500) ont été mis en pension par les banques via l’opération à 3 mois. Ce vendredi, 17 milliards de dollars (sur 500) ont été utilisés pour l’opération à 3 mois, 24,1 milliards (sur 500) pour l’opération à 1 mois, et 45,1 milliards (sur 175) pour l’opération à 1 jour. De quoi se demander si ces opérations répondaient à un vrai besoin immédiat, ou si la Fed prenait des précautions extrêmes, parce qu’elle craint un prochain krach obligataire auquel même les US Treasuries ne résisteraient pas. Les conditions étaient ultra-accommodantes, à 0,25%, alors que les réserves des banques sont encore rémunérées 1%. Les rendements ont à peu près doublé depuis leur plus bas historique du 9 mars, ces titres souverains n’offrant pas la protection habituelle quand les marchés d’actions s’effondrent.
La banque centrale norvégienne a abaissé de façon inattendue vendredi son principal taux directeur de 1,5% à 1,0% afin de tenter de réduire l’impact économique de la pandémie de Covid-19 coronavirus . La prochaine décision de la Norges Bank était normalement programmée pour le 19 mars.