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« Keep it private » : une conjoncture favorable aux marchés du crédit et à la dette privée en particulier

Les marchés financiers anticipent une normalisation des défaillances d’entreprises en 2025, ce qui se traduit par une cherté relative des marchés du crédit. Cependant, l’univers de la dette privée, permet encore de bénéficier de rendements avantageux. Voici des conseils de Fabrice Rossary, Deputy CEO, CIO - Dette Privée de Sienna Investment Managers, pour piloter efficacement sa stratégie de crédit en 2025.
En 2025, les stratégies de portage seront favorisées sur les marchés du crédit européens, dans un environnement d’inflation maîtrisée autour de 2%, de croissance anémique et de taux réels légèrement positifs, où faible volatilité et valeur temps seront des alliés de poids.
Sur le front du crédit, si le taux de défaillance des entreprises est 10% plus élevé que la moyenne observée avant la crise sanitaire, les marchés anticipent néanmoins une normalisation de la situation avec des taux de défaut anticipés en baisse en 2025 par rapport à 2024. Ainsi, S&P prévoit un taux de défaut des entreprises européennes de la catégorie spéculative (notée BB+ et en dessous) pour les 12 mois glissants de 4,25% en septembre 2025 (cas de base), contre 5,03% en septembre 2024. Corrélativement, les marges moyennes du crédit de cette catégorie d’entreprises sont de 3,10%, contre 4,00% au début de l’année 2024, tout proche de leur plus faible niveau des 5 dernières années.
Dans ce contexte, les conditions d’octroi de crédit des banques sont en amélioration avec une diminution des marges et des taux des prêts accordés aux entreprises. De plus, la distribution des dettes de financement d’acquisition avec levier auprès des investisseurs fonctionne à plein régime et offre un canal de distribution efficace (CLOs).
Une moindre dépendance de la dette privée aux facteurs de marchés exogènes
Au regard de données encore dégradées mais d’anticipations très positives pour le crédit, nous privilégions la dette privée par rapport à la dette obligataire listée. Dans l’univers de la dette privée, l’ajustement à la baisse des marges de crédit ne s’est encore que faiblement propagé, du fait de sa moindre réactivité aux facteurs de marchés exogènes. En outre, de par la durée de déploiement des fonds de dette privée (autour de 24 mois), ceux-ci permettent d’investir à travers le cycle et d’être moins dépendant des conditions immédiates de marché. Pour leur part, les valorisations rencontrées sur la dette obligataire listée comme le high-yield ou les leveraged loans sont proches de leur limite historique, alors que l’environnement économique et géopolitique reste très incertain. Elles ont notamment bénéficié de l’effet d’euphorie post-élection US qui devrait commencer à s’étioler. Ainsi, nous anticipons que de meilleurs points d’entrée apparaîtront dans les trimestres à venir.
La souveraineté est redevenue un thème central
En parallèle, il sera pertinent de se positionner sur les thématiques portées par une forte rationalité économique et politique. La souveraineté est ainsi redevenue un thème central. La maîtrise des chaînes de production et des coûts de l’énergie est désormais vitale pour les entreprises.
Les outils de production orientés vers des industries stratégiques pour la souveraineté des Etats, comme le secteur de la défense européenne, nous semblent une thématique particulièrement intéressantes. En effet, la Commission européenne estime qu’il faudra investir 500 milliards d’euros supplémentaires dans la défense au cours de la prochaine décennie. Les appels publics à l’action soulignent l’ampleur de ce défi et l’opportunité stratégique qu’il représente. Or, les sous-traitants de taille intermédiaire ont des besoins de financement substantiels durant les premières étapes des contrats. La courbe en «J» du flux de trésorerie net des fournisseurs tout au long du cycle de vie du contrat illustre ce besoin critique de financement précoce.

Les besoins de financement dans les énergies renouvelables continuent à croître
De même, les projets d’énergie renouvelables et notamment les sources alternatives permettant le lissage des pics et des creux de production représentent une thématique très solide. Ces projets répondent à la volonté politique de lutter contre le réchauffement climatique, mais aussi à celle de renforcer la sécurité énergétique. Les sources conventionnelles que sont l’éolien ou le solaire vont continuer à jouer un rôle prépondérant, mais la variabilité de leur production nécessitera l’appui de nouvelles sources complémentaires, comme le biométhane ou encore l’hydrogène. Le stockage par batterie est également un sujet critique dans cette transition énergétique. Dans ce secteur les besoins de financements vont donc continuer à être importants, et la complexité du financement des nouvelles sources d’énergie complémentaires devrait permettre aux préteurs spécialisés d’extraire un rendement attractif.
Assortir les crédits de suretés réelles
Enfin, dans un environnement financier où les fondamentaux économiques européens sont encore fragiles, assortir les crédits consentis de suretés réelles et exerçables permettra de minimiser les pertes en cas de scénario adverse, dans lequel les taux de défaillance d’entreprise augmenteraient. Historiquement, le taux de recouvrement des dettes sans sûreté s’établit en effet à seulement 30%-40%, alors que celui des dettes avec des sûretés prises sur les actions de la société opérationnelle atteint 60%-70% et que celui des dettes avec des sûretés prises sur des actifs réels (machines, stocks…) avoisine 80%-100%. Cependant, si la présence de sûretés réelles est théoriquement rassurante pour le créancier, en pratique son exercice peut s’avérer complexe. Une expérience éprouvée en la matière avec une connaissance approfondie des mécanismes de recouvrement et des procédures judiciaires est un prérequis indispensable.
Ainsi, en conservant une probabilité de défaut identique à celle des marchés de dettes non sécurisées mais en atteignant des niveaux de pertes très faibles en cas de défaut, ce type de stratégie permet d’obtenir des rendements équivalents, voire supérieurs, à ceux du crédit spéculatif, avec un coût du risque proche de celui de l’univers investment grade.
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