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Pour une nouvelle finance mondiale !

Le sommet pour un nouveau pacte financier des 22 et 23 juin à Paris a permis de mettre en évidence un certain nombre de constats importants concernant le fonctionnement de nos institutions internationales et le financement de la transition écologique et durable mondiale.
En ce qui concerne les institutions, le modèle actuel, issu de la conférence de Bretton Woods en 1944 et organisé autour des grands bailleurs internationaux comme la Banque Mondiale ou encore le Fonds Monétaire International, a été imaginé dans un contexte de reconstruction de l’économie mondiale.
Ce système a consisté principalement à financer des projets de développement et de coopération dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires montre aujourd’hui ses limites en termes d’efficacité et de résultat. Il est temps de passer à un nouveau modèle, basé sur la confiance et la responsabilisation des pays en s’appuyant sur les acteurs locaux nationaux, principalement privés, mieux à même d’affecter et de gérer les allocations mais aussi de rendre compte.
Passer d’une logique de coopération à une logique d’investisseurs et de partenaires économiques, faisant beaucoup intervenir les acteurs et opérateurs du secteur privé. A cet effet, les dirigeants financiers, au cœur de l’économie nationale et du fonctionnement et des choix stratégiques des entreprises, sont amenés à jouer un rôle majeur et déterminant. Rien ne peut se faire ni se mettre en place sans eux.
Soutien budgétaire inégalé
Dans le prolongement de ce constat, la transition écologique, enjeu planétaire majeur, constitue une mise en application pratique et immédiate de cet engagement. Mais cette transformation majeure ne peut pas être financée que par les entreprises ou le secteur privé. Elles n’en ont pas les moyens. Il s’agit là d’une évolution profonde et inéluctable de la planète qui va nécessiter - c’est déjà le cas – un soutien budgétaire massif et inégalé jusqu’à présent de tous les Etats de la planète. Rappelons que la Chine et les Etats-Unis représentent ensemble un peu moins de la moitié des émissions de CO2, que 70% des émissions de CO2 sont dues à 10 pays (la France étant classée en 12ème position…) et que le continent africain, dans son ensemble, représente moins de 3% de ces mêmes émissions de CO2 alors qu’il en subit pleinement les conséquences.
Cela va bien au-delà de la simple notion de «budget vert» dont la démarche est louable et va dans le bon sens (saluons ici la qualité du budget vert de la France), mais qui n’est qu’une classification des dépenses budgétaires et fiscales selon leur impact environnemental. Il y a donc urgence à ce que, d’abord, les budgets des Etats intègrent sérieusement et de façon mesurable le coût des efforts nécessaires à cette transformation historique de notre modèle de croissance mondial.
Ces crédits doivent non seulement permettre aux Etats les plus pollueurs d’engager ou de poursuivre, pour certains, les transformations nécessaires de leur économie et pour les autres, ceux qui polluent peu, de mettre en œuvre des mesures de protection et d’accompagnement de leur modèle de croissance. Les financiers d’entreprises, publiques et privées, doivent devenir les interlocuteurs privilégiés des Etats, organismes publics ou parapublics ou encore des fonds d’investissements car ce sont eux qui vont piloter et déployer ces projets de transformation. Les administrations, organismes et organisations publiques doivent également montrer l’exemple et s’engager clairement dans cette transition écologique, à l’instar des entreprises à qui l’on demande et sur lesquelles on compte beaucoup.
C’est le prix à payer, la finance mondiale doit s’y préparer !
* Réseau National des Dirigeants Financiers
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