Dérapage. Ce ne sera ni 0,9 %, ni 1,6 % mais 2,4 %, et pour les trois prochaines années. L’Italie laisse filer son déficit budgétaire. Une surprise pour les investisseurs, qui savaient que le gouvernement formé par le Mouvement 5 Etoiles et La Ligue ne respecterait pas l’objectif de 0,9 % de déficit de son prédécesseur mais espéraient qu’il serait inférieur à 2 %. La sanction ne s’est pas fait attendre, le taux à 2 ans bondissait le 1er octobre à 1,26 % (+49 points de base – pb) et le 10 ans à 3,25 % (+36 pb). Le spread avec l’Allemagne est désormais de 277 pb. Le projet de budget n’a pas été détaillé mais le ministre des Finances Giovanni Tria a précisé qu‘il prévoyait une baisse du ratio de dette publique/PIB de 1 point par an, au cours des trois prochaines années, grâce à une croissance de 1,6 % en 2019 puis 1,7 % en 2020, tirée par la relance budgétaire. Des objectifs qui laissent perplexes les investisseurs. « L’endettement restera au mieux stable avec un déficit de 2,4 %, mais il pourrait augmenter en cas de dérapage budgétaire », estime Goldman Sachs. La dette italienne est la plus importante en absolu en zone euro à 2.300 milliards d’euros (132 % du PIB). Les perspectives de croissance sont jugées trop optimistes. La croissance a été en moyenne inférieure à 1% au cours des dix dernières années. De quoi faire réfléchir les agences de notation qui se prononceront dans les prochaines semaines. Pour éviter une rétrogradation, l’Italie n’aurait pas dû dépasser 2 % de déficit, selon JPMorgan. Ce qui ne sera pas sans effet sur les spreads, que Natixis voit grimper à 400 pb : « Si Moody’s et S&P décident de dégrader l’Italie et de maintenir une perspective négative, cela provoquera un écartement significatif sur les spreads. »