«L’adoption des ETF par le retail en Europe va changer la donne», a estimé Andrew Jamieson, managing director & responsable mondial des ETF au sein de Citigroup, au cours d’une table ronde sur l’état du secteur des ETF organisée par Bloomberg et Vanguard mercredi matin. Selon lui, cela alimentera la croissance du marché sur les cinq prochaines années, davantage que la focalisation sur les coûts, l’innovation et la réglementation. Pour l’heure, le marché européen des ETF est aux mains des institutionnels, alors même que les ETF avaient été lancés pour les particuliers. Et ce, alors qu’aux Etats-Unis, les deux catégories de clientèle sont équitablement réparties. «Il existe deux grands obstacles en Europe à une adoption des ETF par le retail: la réglementation et la technologie. Ces obstacles sont en passe d’être réglés», explique Andrew Jamieson. Clarisse Djabbari, responsable de la stratégie et du développement au sein d’Amundi ETF, Indexing & Smart Beta, rejette la comparaison de l’Europe et des Etats-Unis. «Ce n’est pas pareil. Les deux marchés n’ont pas la même éducation financière, ni le même système de retraite…». Pour elle, on est encore loin en Europe d’un équilibre entre les investisseurs particuliers et les institutionnels. Elle note que l’introduction de MIF2 n’a pas bouleversé les choses concernant l’adoption des ETF par le retail, mais que petit à petit les choses sont en train d’évoluer. Certaines banques privées qui jusqu’ici n’avaient pas d’ETF commencent à les proposer. Le changement passera peut-être par les robo-advisors, qui sont à même de bousculer le marché de la distribution. «Ils ont apporté de la technologie, ils ont mis les ETF au cœur de l’attention», souligne Clarisse Djabbari. «Mais le principal défi de ces acteurs reste l’acquisition de clients. Si bien que beaucoup d’entre eux se tournent vers un modèle BtoB». Les ETF deviennentde véritables outils de portefeuille Thomas Merz Les intervenants ont par ailleurs observé des changements dans l’utilisation des ETF. Ces produits, qui étaient auparavant employés par les grandes institutions comme des substituts ou des béquilles, sont dorénavant utilisés comme de véritables outils de portefeuille, note Thomas Merz, responsable de la distribution Europe hors Royaume-Uni chez Vanguard. Certains s’en servent pour leur allocation cœur ou comme satellite. Clarisse Djabbari confirme aussi que les clients utilisent les ETF de manière de plus en plus stratégique et dans le cadre d’une stratégie «buy and hold». Et cette évolution ne fait que s’accentuer avec le développement des ETF obligataires, qui deviennent l’outil par excellence pour accéder à la classe d’actifs. La montée en puissance des ETF obligataires fait partie des grandes tendances du secteur, de même que le passage à des indices non capi-pondérés et l’ESG. Enfin, concernant l’arrivée des ETF non transparents aux États-Unis, Andrew Jamieson estime que cela pourrait marquer un tournant pour le secteur des ETF, qui pourrait ainsi se développer au-delà des frontières de la gestion passive. «Les ETF pourraient devenir une enveloppe pour tout».