Les grandes appréciations sur le cours de l’action de la société de gestion suisse alternative GAM Holding, cotée sur le Six Swiss Exchange, ne sont pas légion ces dernières semaines. Le titre s’est apprécié de 17% pour atteindre 1,10 franc suisse (1,13 euro), lors de la séance du jeudi 28 juillet, valorisant le gestionnaire à 175 millions de francs suisses (180 millions d’euros). Cette variation haussière est intervenue à la faveur du retour de rumeurs de vente du gestionnaire helvétique dans un article publié par Bloomberg dans la matinée. Un article selon lequel GAM explorerait à nouveau la possibilité d’une vente, selon des personnes proches du dossier, après avoir déjà précédemment échoué à trouver un acheteur. La société de gestion helvétique travaillerait avec des consultants pour évaluer l’intérêt de potentiels candidats à son rachat. C’était déjà le cas en 2018 et en 2019. Des discussions avaient été menées avec d’éventuels acheteurs mais n’avaient pas abouti pour des raisons différentes. GAM avait entre autres démenti un rachat par l’assureur italien Generali en octobre 2019. Sollicité, GAM n’a pas donné suite à nos demandes. Aujourd’hui, l’action de GAM, en baisse de 24% depuis début 2022, vaut à peine plus d’un franc suisse après avoir touché un point bas historique à 0,78 franc suisse le 30 juin 2022. Son cours actuel traduit les troubles que la société de gestion suisse a vécu ces quatre dernières années durant lesquelles deux scandales majeurs lui ont fait perdre plus de 90% de son cours. Fonte des encours de plus de 50% en 4 ans Lorsqu’il entame l’année 2018, GAM voit son cours osciller entre 15 et 18 francs et affiche des encours sous gestion de 158,7 milliards de francs suisses répartis entre 84,4 milliards sur la gestion d’actifs et 74,3 milliards sur l’activité private labelling qui propose des services de gestion et d’administration de fonds pour gestionnaires externes. A fin juin 2022, le gestionnaire n’en gère même pas la moitié (83,2 milliards de francs suisses dont 27,1 milliards pour sa gestion d’actifs et 56,1 milliards pour son activité de services de gestion et d’administration de fonds). Le profil de GAM a changé. Dans le contexte actuel, GAM pourrait attirer des acquéreurs autant pour son activité de services de gestion et d’administration de fonds, les opérations de consolidation se multipliant dans ce secteur, que pour sa gestion pure, où il conserve un certain nombre d’équipes de gestion reconnues et expérimentées. GAM gère toujours l’après-Tim Haywood, du nom du gérant qui a fait plonger le gestionnaire dans une crise durable. Alors que la firme vient de faire l’objet d’un avertissement sur ses résultats du premier semestre 2018, GAM décide, le 31 juillet 2018, de suspendre Tim Haywood, gérant star des neuf fonds de performance absolue obligataire ARBF (absolute return bond funds), après une enquête interne faisant apparaître des insuffisances dans le respect des procédures de gestion du risque et de tenue de livres. L’action dégringole de 20% en une séance. Les fonds sont suspendus puis liquidés (la procédure durera jusqu’en juillet 2019), Haywood limogé. L’affaire marque GAM qui enchaîne décollectes et restructurations d’équipes, en particulier sur l’obligataire. La firme, qui a accueilli Georges Soros à son capital à hauteur de 3% en mai 2019 provoquant à l’époque un rebond de l’action, change de directeur général en nommant un ancien de BlackRock, Peter Sanderson, à sa tête en septembre 2019. Une autre affaire en mars 2021 enfonce GAM encore davantage. GAM suspend puis liquide un fonds de supply chain GAM Greensill Supply Chain Finance après la faillite retentissante de la fintech britannique Greensill. Ce sont 800 millions de francs suisses d’encours que GAM liquide mais surtout sa réputation qui souffre à nouveau. 320 postes supprimés depuis 2018 Malgré le changement de direction opéré en septembre 2019, les flux de collecte sont restés très largement négatifs et les départs se sont poursuivis, comme celle de l’équipe de gestion actions non-directionnelle en septembre 2021. A fin juin 2022, GAM comptait 605 emplois équivalent temps plein, suggérant qu’environ 320 postes ont été supprimés entre 2018 et juin 2022. Initialement, lorsque Peter Sanderson en a pris les rênes, la société de gestion s’était fixée divers objectifs à horizon 2022, parmi lesquels un ratio de masse salariale sur chiffre d’affaires de 45-50%, une marge d’exploitation de 30% et un bénéfice sous-jacent avant impôt de 100 millions de francs suisses. La pandémie de Covid-19 l’avait incitée à repousser ces objectifs financiers à l’exercice 2024. Concernant le ratio de masse salariale, il pourrait être atteint beaucoup plus tôt si d’aventure GAM venait à concrétiser sa vente, ces opérations faisant souvent l’objet de restructurations accélérées pour supprimer les doublons. Peter Sanderson en dévoilera davantage sur les progrès stratégiques de la société le 3 août prochain lors de la présentation des résultats de GAM pour le premier semestre 2022. Le gestionnaire devrait présenter une perte avant impôt de 15 millions de dollars.