L’Association française des investisseurs institutionnels (Af2i) a consacré son dernier Club de prospective, ce lundi 15 octobre, à l’innovation et à l’apport des fintech dans la gestion institutionnelle. Et le moins qu’on puisse dire est que la fintech à la française fait plutôt bonne figure. A l’instar de NowCP, la plateforme de négociation des titres négociables à court terme (Neu CP) qui vient d’obtenir le feu vert du régulateur et qui va entamer une phase pilote avant un lancement programmé au premier trimestre 2019. Ou encore Iznes, la plateforme DLT (distributed ledger technology ou blockchain) de souscription-rachat d’OPC sans oublier la plateforme dédiée à la recherche ResearchPool qui prend son envol avec la mise en place d’un solution SaaS pour le compte de Société Générale.« Le foisonnement d’idées dans l’écosystème est indéniable. Mais le taux de survie des start-up reste faible et transformer les jeunes pousses en champions mondiaux reste difficile alors que les pouvoirs publics apportent pourtant un réel soutien aux initiatives », a estimé Jean-Pierre Grimaud, directeur général d’OFI AM. Sébastien Raspiller, chef de service du financement de l’économie, DG Trésor, s’est exprimé dans le même sens en rappelant les dispositifs existants orientés vers l’innovation de rupture. « La French tech a enregistré quelques beaux succès mais il y a trop peu de licornes », a déploré le responsable. Sébastien Raspiller a toutefois rappelé la création du fonds pour l’innovation et la mission visant à favoriser l’introduction en Bourse des entreprises confiée en fin de semaine dernière par Bercy à Philippe Tibi, président de Pergamon Campus et professeur d’économie à l’Ecole polytechnique. L’ancien président de l’Association française des marchés financiers et d’UBS Investment Bank en France aura notamment pour mission d’identifier les obstacles au financement en fonds propres par le marché et à formuler des propositions permettant de les lever.Du côté de la Banque de France, on se félicite également de la vigueur du marché français des fintech. « Nous aimons l’innovation. Nous regardons avec sérénité et bienveillance les initiatives dans le secteur. D’autant plus que de nouveaux acteurs entrent en compétition avec des acteurs en place, ce qui constitue une stimulation très importante », a déclaré Emmanuelle Assouan, directeur des systèmes de paiement et des infrastructures de marché à la Banque de France. La responsable est toutefois préoccupée par la problématique des chambres de compensation provoquée par le Brexit qui oblige à innover. « Nous travaillons beaucoup sur ce sujet depuis 2015-2016. Le problème principal concerne les swaps de taux d’intérêt en euro, pour l’essentiel entre les mains de LCH Clearnet », a constaté Emmanuelle Assouan.De son point de vue, il faut favoriser l’émergence de plusieurs offres sur le continent, et faire en sorte qu’elles soient mieux adaptées à toutes les parties prenantes, sell-side tout comme buy-side. Pour Sébastien Raspiller, « la situation vécue avec le Royaume-Uni n’était pas très satisfaisante. Ne pas traiter le sujet ne serait pas raisonnable. Nous devons développer nous-mêmes des capacités dans les infrastructures de marché au sein de l’Europe, mais pas de façon monopolistique».