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Un « boulevard », mais aussi des défis pour les acteurs du non-coté

FRANCE INVEST
Réunis à l’occasion du 11e Forum des investisseurs de France Invest, professionnels du capital-investissement et investisseurs institutionnels se sont accordés sur le rôle grandissant que devra jouer le non-coté dans le financement des entreprises et de leurs transitions.
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Le 11e Forum des investisseurs de France Invest s’est tenu le 13 mai 2024 à Paris  -  Photo Alexandre Surre

« Quel chemin parcouru ! » s’est félicité Bertrand Rambaud en ouverture du 11e Forum des investisseurs de France Invest, qui s’est tenu le 13 mai à Paris, devant près de 200 professionnels du capital-investissement et investisseurs institutionnels. Car cet évènement était l’occasion de revenir sur quarante années de capital-investissement : « Il y a 40 ans, nous levions l’équivalent de 150 millions d’euros et en 2023, les acteurs français du non-coté ont levé 20 milliards en equity et une dizaine de milliards en dette et infrastructures » rappelle Bertrand Rambaud. « Nous avons vécu l’émergence, puis la structuration d’une véritable industrie, avec désormais une très forte segmentation » abonde Eddie Misrahi, président de Seven2, qui identifie aussi parmi les tendances structurelles de ce marché, « l’émergence depuis une dizaine d’années de plateformes, qui permettent la rencontre entre de petits fonds et les grands institutionnels qui investissent des montants de plus en plus importants ». Si les marchés cotés jouent leur rôle de financeurs des grandes et moyennes capitalisations, « le non-coté a prouvé sa capacité à financer les entreprises de toutes tailles, en fonds propres et en dette et il a un boulevard devant lui » observe Bertrand Rambaud, qui appelle de ses vœux « le développement du marché secondaire, afin de répondre au besoin de liquidité des investisseurs institutionnels, mais aussi désormais retail ».

Les professionnels du private equity devront aussi déployer des solutions spécifiques à cette clientèle retail (fonds de fonds, fonds « evergreen » (perpétuel)) qui constituera un nouveau relais de croissance, même s’il devrait rester secondaire. Mais dans un contexte de recul des levées de fonds en 2023 – « elles redémarreront l’année prochaine » anticipe Bertrand Rambaud – les acteurs ont bénéficié de l’apport grandissant des familles d’entrepreneurs (+15% en 2023), qui ont bien souvent bénéficié de l’appui du private equity et souhaitent à leur tour contribuer au financement d’entreprises non cotées. La capacité d’attraction des fonds hexagonaux s’est aussi traduite par des flux de collecte auprès d’investisseurs internationaux très soutenus, puisqu’ils ont représenté la moitié de leurs levées de fonds l’année dernière.

Un besoin de répondre à la demande de liquidité des investisseurs
Les attentes des investisseurs évoluent et « ils nous demandent aujourd’hui de « renvoyer l’argent », une préoccupation très saine, constate Frédéric Pescatori, managing partner de Bridgepoint. Nous devons pour ce faire organiser les sorties telles que nous les avions prévues, continuer à travailler sur la création de valeur tout en explorant des solutions de liquidité, à travers en particulier des fonds de continuation ou le marché secondaire, mais sans pénaliser la performance ». Dans ce contexte, les équipes opérationnelles, les « operating partners » voient leur rôle renforcer. « Lorsque la liquidité s’amoindrit, ils doivent débloquer la situation avec certaines participations, en identifiant par exemple des poches de valeur supplémentaires, afin de revigorer l’activité et d’assurer une sortie auprès d’acheteurs potentiels » analyse Rénald Béjaoui, managing director d’Alvarez & Marsal.

La recherche d’efficacité opérationnelle passe par l’IA
Les enjeux d’optimisation de leur propre activité sont aussi au cœur de la réflexion des acteurs du private equity face à l’émergence de l’intelligence artificielle. « Nous collecterons d’importants volumes de données auprès de nos participations, avec bien sûr leur accord. Nous chercherons à identifier des cas d’usage, afin de gagner en efficacité en industrialisant notre activité grâce à l’automatisation de beaucoup de nos process » indique Vincent Joly, chief information officer et managing director d’Ardian. Dans cette perspective, Cyrille Vincey, partner de Bain & Company se veut rassurant concernant les moyens à mettre en œuvre, mais aussi ambitieux : « Des développements spécifiques ne devraient pas être nécessaires. Les acteurs pourront s’appuyer sur le déploiement de logiciels commerciaux qui embarqueront de l’IA generative. Mais l’objectif sera bien d’automatiser toute la chaîne de valeur, en exploitant ses propres bases de connaissance ».

L’accompagnement des entreprises dans leurs transitions est aussi un défi majeur pour les fonds, car « tous les investisseurs ont des exigences ESG, aussi les entreprises doivent toutes s’y conformer pour trouver des acquéreurs » souligne Jean-Pascal Asseman, partner d’Axa IM Prime. Or, « pour les petites entreprises, les questions extra-financières deviennent un véritable casse-tête et elles sont donc très demandeuses de support » ajoute Jean-Pierre Grimaud, directeur général d’OFI Invest.

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