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Quels modèles d’affaires pour les banques et les fintechs ?

Bruno Cambounet, Head Of Research, Sopra Banking Software
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Quelles sont les principales technologies sur lesquelles s’appuient les fintechs et quelles évolutions avez-vous observées ces dernières années ?
Dans cette édition du Palmarès Fintech 100, l’usage de la blockchain par les fintechs double. C’est la seule technologie qui connaisse une telle progression, signe d’une meilleure maîtrise de ses cas d’usage qui dépassent l’univers des cryptos : par exemple, l’automatisation des remboursements de nombreux petits montants par les assurances. La blockchain offre la transparence des transactions pour chacune des parties prenantes d’un processus et son automatisation est un gage de réduction des coûts. A l’inverse, on peut s’étonner du faible développement de la cybersécurité. La protection des données, la lutte contre la fraude sont pourtant d’importants sujets d’inquiétude pour les banques. Ce sera nécessairement un sujet pour les fintechs à l’avenir. Cependant, la création de valeur s’appuie sur l’expérience client et elle passe par la combinaison de plusieurs technologies plutôt que par l’usage d’une seule : c’est la capacité à orchestrer différents services qui crée la valeur, comme lors de l’enrôlement digital d’un client grâce notamment à l’Open Banking/Finance. Le développement de logiciels permet de combiner différents services accessibles via des API dans tous les domaines, transactionnels (paiement, crédit…), intelligence artificielle (data mining, crédit scoring, IA générative…), cyber, etc. Et il est logique que l’usage du « développement logiciel » soit le plus important domaine.

La digitalisation des institutions financières s’est accélérée ces dernières années. Quelles en sont les conséquences en termes de modèle de développement pour les banques ?
La seconde édition de l’enquête Digital Banking expérience 2022 - Sopra Steria Group auprès de 1.000 décideurs dans le monde et plus de 12.000 particuliers, montre que malgré les développements importants réalisés, notamment sur les services bancaires digitaux, leur maturité relative a diminuée en 2022 : 49% en sont au stade exploratoire contre 37% fin 2021. Deux tiers d’entre elles expliquent que c’est leur capacité à collaborer avec leur écosystème, dont les fintechs, qui sera créatrice de valeur, pourtant on n’en est qu’au début. En particulier, l’open finance ouvre la voie à de nouveaux modèles d’affaires, soit pour enrichir leurs services auprès de leurs clients (avec des services de partenaires) soit, à l’inverse, en permettant aux tiers d’intégrer leurs services bancaires, un positionnement de « banque invisible » où le tiers adresse certaines clientèles en enrichissant sa relation client avec les services financiers : c’est « l’embedded finance ».

Dans ce contexte, la clientèle des fintechs a évolué. Quels enseignements en tirez-vous sur leur mode de collaboration avec les banques ?
Les modèles ne sont plus purement BtoB ou B2C : les approches B2B2B ou B2B2C sont également très présents. En pratique, la distinction BtoB versus BtoC n’a plus vraiment de sens et la plupart des fintechs distribuent leurs services tant en vente directe qu’en indirect. D’ailleurs, notre Palmarès montre qu’elles ont maintenant deux profils de clientèle en moyenne (contre 1,4 l’an dernier). Le modèle n’est plus bilatéral. Il y a certainement une prise de conscience tant des banques que des fintechs que la collaboration passe par le développement de modèles mixtes.

La directive sur les services de paiement (DSP2), en imposant aux banques la mise en place de services fondateurs dont l’authentification forte, a initié la création d’un socle de plateformisation de services. Il reste maintenant à dépasser l’obligation réglementaire et créer plus de valeur dans des modèles d’affaires novateurs et résilients.

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