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Risque climatique : une intégration complexe et à géométrie variable pour les portefeuilles des assureurs

Fidelity
Acteurs centraux dans la lutte contre la crise environnementale et la réalisation d'émissions nettes nulles, les assureurs doivent adopter une approche globale de l'évaluation et de la gestion des risques climatiques.
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Mais l’intégration de ce facteur dans les processus d’allocation représente des défis complexes suivant le type d’assureur et les réglementations en vigueur.


Pour certaines compagnies d’assurance, l’intégration du risque climatique dans leurs processus d’allocation d’actifs peut s’apparenter à un voyage en terre inconnue. Le processus nécessite, en effet, au départ une évaluation approfondie de leur empreinte existante. Mais mesurer les émissions d’un portefeuille peut s’avérer difficile sachant que les données sur le carbone ne sont pas universellement disponibles dans toutes les catégories d’actifs. Si, par exemple, les actions disposent de données plus fiables, leur qualité peut varier en fonction des méthodologies de calcul, des réglementations en vigueur et du cadre de décarbonation pour cette classe d’actifs. De fait, les scores et la valeur climatique à risque (CVaR) qui en résultent, doivent être considérés à la lumière d’autres mesures dans le cadre d’une évaluation holistique du risque climatique.

Objectifs de décarbonation

Une fois cette étape accomplie, les assureurs peuvent alors commencer à intégrer, en fonction de leur profil d’activité, le risque climatique dans leurs stratégies d’investissement. Étant donné son impact sur les rendements, il convient de tenir compte de ce facteur, en amont, dans les décisions d’allocation. Cela permet, en outre, d’identifier les opportunités de la transition vers une économie à faible émission de carbone. Le profil et les contingences de chaque assureur détermineront, au final, l’approche à adopter. Les généralistes et certains assureurs-vie proposant des produits à court terme peuvent ainsi adapter leurs actifs à l’impact du changement climatique à brève échéance. En revanche, les compagnies disposant d’actifs - et de passifs - à long terme, seront tentés de fixer leurs objectifs de décarbonation en fonction des effets au long cours des scénarios climatiques sur les rendements. Leur intégration leur permet alors de prendre des décisions stratégiques éclairées tout en favorisant la résilience climatique de leurs portefeuilles.

Processus d’investissement global

Comme première étape de «la transition écologique de leurs portefeuilles, de nombreux assureurs optent pour les obligations vertes ou liées au développement durable (Sustainability Linked Bonds, SLB). L’augmentation des allocations de cette nature devrait, en ce sens, être soutenue par une croissance des émissions, certains régimes de solvabilité introduisant des décotes dans le facteur de risque de crédit appliqué à ces instruments. Cependant, étant donné la nécessité de devoir rester fortement investis dans d’autres classes d’actifs telles que les obligations souveraines, la plupart des assureurs sont limités dans leur exposition aux SLB. Par ailleurs, les assureurs-vie suivent généralement une stratégie d’investissement à long terme de type «buy and hold» imposant d’autres contraintes en matière de répartition et de rotation de portefeuilles. Enfin, la capacité à soutenir la décarbonation dans leur région peut également être limitée par l’univers disponible. Dès lors, au-delà du recours à ces produits, les risques et les opportunités climatiques sont à envisager plus largement dans un processus d’investissement global, plus approprié à des réglementations toujours plus strictes.

Des portefeuilles plus résistants

En matière d’intégration, il existe déjà des solutions indicielles fournissant une méthodologie transparente avec un alignement scientifique sur le climat et des expositions comparables aux indices pondérés en fonction de la capitalisation boursière. Si ces solutions constituent un point de départ utile, il convient de s’assurer que les indices de référence sont adaptés aux engagements spécifiques de l’assureur (trajectoire de décarbonation, indicateurs clés de performance et facteurs ESG). À cette fin, les notations ESG prospectives et les évaluations des risques climatiques s’avèrent incontournables. En hiérarchisant les stratégies et les investissements sur cette base, les assureurs peuvent ainsi se faire une idée plus complète du potentiel de durabilité d’une entreprise. Cette approche correspond bien à l’horizon de long terme du secteur de l’assurance et peut être utile pour répondre à l'évaluation du capital économique, aux tests de résistance et à la préparation de l'évaluation du risque propre et de la solvabilité (ORSA).

Évaluer l’empreinte carbone, adapter les stratégies d’investissement, intégrer le développement durable dans les décisions d’allocation… Si essentielles soient-elles aux assureurs pour assumer leurs responsabilités en matière d’atténuation du risque climatique, ces étapes n’en demeurent pas moins complexes. Autant de difficultés qui invitent ces derniers à s’attacher les services d’experts afin de préparer au mieux leurs portefeuilles à être plus résistants lors de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

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