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Les investisseurs particuliers, un relais de croissance ?

« Nous avons lancé en 2023 une stratégie retail pour les clients particuliers en Allemagne, vendue par le réseau Deutsche Bank (l’actionnaire majoritaire de DWS) avec un ticket d’entrée de 50 euros, rapporte Harold d’Hauteville. Le couple rendement-risque de ce produit est le plus bas puisqu’il investit dans des actifs renouvelables en opération. » Ce lancement fait écho à toute une évolution réglementaire en Europe, notamment avec l’entrée en vigueur de la version 2.0 du label Eltif, ainsi que, en France, de la loi Industrie verte. « Ces réglementations ont pour ambition de faire participer les investisseurs particuliers à des classes d’actifs alternatives, qui étaient auparavant réservées aux institutionnels ou aux high net worth », poursuit-il. Ce marché en devenir va bénéficier d’un accroissement de l’offre comme de la demande. Mais cette clientèle a des besoins spécifiques qu’il faut prendre en compte. « Les actifs privés sont par nature illiquides, rappelle Riccardo Stucchi. Donc il ne faut pas survendre la liquidité des fonds evergreen. Le discours des gérants et des distributeurs doit être très clair : il n’existe aucune garantie de récupérer son investissement à tout moment sur simple demande. En période de stress sur les marchés, la liquidité s’assèche rapidement et il peut y avoir des délais ou des gates sur les retraits. » Pour cette raison, certains acteurs prennent la direction de produits hybrides, mêlant actifs liquides et illiquides, notamment au sein des contrats d’assurance-vie. « Cela permet de présenter des stratégies offrant une rémunération supérieure à celle du fonds en euros sans abandonner la liquidité à laquelle les investisseurs particuliers sont très attachés », commente Riccardo Stucchi.
En outre, pour créer des fonds adaptés, il faut opter pour les bonnes stratégies. L’un des enjeux consiste à investir sur le bon segment, pour dégager une rentabilité suffisante sans alourdir le profil de risque du fonds. « Si vous avez une liquidité importante, un cadre réglementaire plus protecteur et une structure de coût retail par nature plus élevée, il faut un rendement plus important dans la construction du portefeuille », abonde Harold d’Hauteville. Pour être une alternative crédible au fonds en euros, les fonds d’infrastructure doivent afficher une distribution de l’ordre de 4 % à 5 %. « Etant donné le niveau actuel des taux d’intérêt, il nous paraît pertinent d’aller sur une stratégie Core ou Core+, avec un niveau de performance qui peut s’élever à 8-10 % sans aller chercher des risques extrêmes », évalue Riccardo Stucchi. Un autre point clé réside dans l’effet de levier. « C’est le risque le plus important dans une bonne partie de ces allocations, souligne Harold d’Hauteville. Si vous investissez dans des actifs Core avec un endettement important, ce n’est pas du tout adapté aux particuliers et c’est d’ailleurs pour cela que la réglementation impose des limites. Il faut une structure de capital modérée avec un profil de risque modéré. »