- PARTENARIAT
Les ETF actifs, une niche en pleine croissance (4/4)

Ce sont les stratégies passives qui ont fait le succès du format ETF.
Pourtant, l’exemple américain montre que conjuguer gestion active et ETF est possible. L’Europe s’y met aussi mais plus lentement. « Sur le plan réglementaire, deux points différencient le marché européen du marché américain, expose Guillaume Dambrine. D’abord, les ETF américains disposent d’un avantage fiscal par rapport aux mutual funds, ce qui explique que beaucoup de stratégies actives traditionnelles soient en train de migrer vers le format ETF. Le deuxième point est que la Securities and Exchange Commission (SEC) autorise un système de semi-transparence sur la diffusion des portefeuilles des ETF, soit via la diffusion d’un portefeuille partiel, soit en autorisant un délai dans la diffusion des positions. Ce n’est pas le cas en Europe aujourd’hui, où aucun des régulateurs n’a pris cette voie pour l’instant. Cette grosse différence explique un développement moins rapide des ETF actifs en Europe. Toutefois, les avantages des ETF tels que la liquidité intraday et la structure de coûts sont importants à souligner et nous font penser que sur certains secteurs ou classes d’actifs, les ETF actifs peuvent apporter de la valeur. C’est un axe de développement pour nous et si les ETF actifs représentent pour le moment 2 % des encours des ETF européens, ils pèsent plus de 5 % des flux de l’industrie au premier semestre 2023. » Une tendance semble bien en train d’émerger, même si elle n’est pas, ou pas encore, massive. « Pour l’instant, nous ne voyons pas une très forte demande des clients pour les ETF actifs, qui restent en phase de démarrage. Nous resterons néanmoins attentifs aux attentes du marché dans les années à venir », note Emmanuel Monet. La percée des ETF actifs peut cependant sembler une évolution naturelle, soutenue notamment par de nouveaux entrants sur le marché des ETF. « Les ETF s’adaptent de manière presque darwinienne à l’environnement de marché : on est passé du pur passif au smart beta et maintenant aux stratégies actives, passées de 22 milliards de dollars d’encours en 2015 à 350 milliards fin 2022 au niveau mondial, rappelle Ludovic Djebali. Une des explications à ce développement est l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, qui ne peuvent concurrencer les acteurs existants sur les grands indices – qui sont typiquement un business d’échelle – et doivent se différencier. Une partie de cette croissance est aussi liée à la conversion de stratégies actives existantes au format ETF. En Europe, ce développement est encore embryonnaire, même s’il devrait se poursuivre. »
Mais au passage, les ETF ne risquent-ils pas de perdre une partie de ce qui fait leur intérêt ? « Il est évident que plus on ira vers des structures gérées activement, plus on va perdre de la transparence, juge Thibaud de Cherisey. Si le portefeuille évolue dans la journée, il ne sera plus le reflet de ceux détenus par les teneurs de marché. Les ETF actifs sont certainement amenés à croître car ils fournissent une autre manière de distribuer les fonds classiques, mais ils n’atteindront pas aussi vite le succès rencontré aux Etats-Unis et il faut faire attention à conserver les points clés des ETF, comme la transparence et la facilité d’utilisation. Et il faut que les stratégies proposées ou le track record de l’équipe de gestion soient reconnus. » Cela sera l’occasion de jeter des ponts entre les gérants d’ETF et des experts de la gestion active. « Aux Etats-Unis, nous gérons déjà plus de 20 milliards de dollars en ETF actifs, souvent en partenariat avec des gérants d’actifs de premier plan, indique Ludovic Djebali. Un ETF actif doit selon nous répondre à cinq critères : une stratégie d’investissement différenciante, la performance, la notoriété de la marque, la formation du réseau de distribution à ce type d’offre et, enfin, une cohérence avec le cycle et l’environnement de marché. » Ce n’est pas demain que les gestions actives domineront le marché des ETF, mais elles ont certainement une place à prendre dans la croissance future du marché.
Nos intervenants :
