BlackRock et Amundi ont publié à quelques jours d’intervalle deux études qui montrent que les fonds durables ont fait mieux que le marché pendant la crise, que ce soit en termes de performance et de collecte. Ils analysent les raisons de cette résilience. Au premier trimestre 2020, en pleine crise du Covid-19, 94 % des indices durables ont surperformé leurs indices parents (non ESG), montre l’étude de BlackRock réalisée sur 32 indices. Cette supériorité se poursuit même après le rebond de mars, puisque 88 % des indices durables ont surperformé leurs équivalents non durables entre le 1er janvier et le 30 avril 2020. A titre de comparaison, entre le 21 juillet 2015 et le 11 février 2016, lors du retournement du marché de l’énergie et des marchés émergents, la surperformance des indices durables était de 78 %. Cela se traduit aussi dans la gestion de fonds. La majorité des portefeuilles ayant une orientation ESG ont mieux performé au cours de l’épisode récent de baisse des marchés. Par exemple, au sein de la catégorie actions mondiales, les 10 % de fonds les mieux notés par Morningstar en matière de développement durable se classent en moyenne dans le 29ème centile supérieur pour leurs performances du premier trimestre 2020, tandis que les 10% les moins bons en matière de durabilité se classent vers le 76ème centile inférieur en termes de performance. Cette résilience n’est pas seulement liée à l’énergie, estime BlackRock. Selon Morningstar, sur 26 fonds durables, l’énergie a contribué en moyenne à hauteur de 43 points de base de surperformance au sein des fonds US, 28 points de base pour les fonds les marchés développés hors US, et 24 pb pour les fonds marchés émergents. L’effet sélection de titres, c’est-à-dire une plus grande exposition de ces fonds à des sociétés plus durables, a en revanche été déterminante. Cet effet est aussi important que l’énergie pour les fonds US (45pb), mais a plus de poids sur les marchés hors Etats-Unis (144 pb) et les marchés émergents (105 pb). Selon BlackRock, cette surperformance est davantage déterminée par une série de facteurs matériels liés à la durabilité, incluant notamment la satisfaction professionnelle des employés, la qualité de la gestion des relations avec les clients ou encore l’efficacité du conseil d’administration. Une plus grande loyauté des investisseurs Amundi a de son côté analysé les flux d’investissement dans 1.662 ETF cotés sur le marché américain, dont 75 ETF classés ESG, 24 spécialisés sur les questions d’environnement (bas carbone, eau, énergies propres, etc.), 53 spécialisés sur le secteur de la technologie et 30 de la santé. La société de gestion observe que les flux cumulés sur les ETF ESG restent en progression sur toute la période de crise (31 décembre 2019-14 avril 2020), alors que des ventes massives se sont produites à la même période sur les ETF actions traditionnels lors de la première phase du confinement en Italie, y compris pour les ETF spécialisés sur des secteurs peu exposés comme la technologie ou dans une moindre mesure la santé. «Ce phénomène de résilience des fonds ESG n’est pas complètement nouveau», note Amundi. Pendant la crise des subprimes, un phénomène comparable s’est produit, mais de moins grande ampleur. Par exemple, le taux de croissance moyen des parts en circulation d’ETF cotés sur le marché américain a été en moyenne 1,7 plus élevé pour les fonds actions ESG que pour les fonds actions traditionnels pendant la crise des subprimes (croissance journalière de 0,80% pour les fonds ESG vs 0,46% pour les fonds traditionnels), alors qu’il n’était que de 1,3 fois plus élevé avant la crise. Pendant la crise du Covid-19, ce taux de croissance journalier était 4,6 fois plus élevé pour les fonds ESG par rapport aux traditionnels (1,28 % vs 0,28%), contre 1,3 entre les 2 crises. Amundi explique cette résilience des fonds ESG de plusieurs façons. D’une part, il est possible que les investisseurs aient perçu les fonds ESG comme des fonds «résistants à la pandémie ». Par construction, les fonds ESG tendent à surpondérer les secteurs qui ont mieux résisté à la crise comme la santé, la technologie, et sous-pondérer les secteurs plus impactés comme le transport, l’énergie, les matériaux etc. Amundi invoque aussi une plus grande « loyauté » des investisseurs envers leurs placements ESG. Les fonds ESG ont aussi pu bénéficier d’une préférence des investisseurs, et jouer le rôle de valeur refuge au sein des marchés actions, au seul motif que les investisseurs anticipent que les autres feront de même.