Comme anticipé, la Réserve fédérale a annoncé le 18 septembre une baisse de son taux d’intérêt de 25 points de base pour la deuxième fois cette année, dansun corridor cible de 1,75 % à 2 %, en réaction aux " répercussions de l'évolution mondiale sur les perspectives économiques et aux faibles pressions inflationnistes ". JeromePowell a déclaré que le comité continuera de surveiller les données macroéconomiques et les risques potentiels et qu’il prendra les mesures appropriées pour soutenir l’expansion actuelle. Cependant, le ton a été interprété comme « hawkish » puisqu’il a mentionné qu’un soutien " modéré " devrait suffire pour soutenir une croissance américaine encore solide. De plus, les dernières évaluations des membres du FOMC (le «dot plot»)n’indiquent plus de baisse pour 2019. En effet, les marchés ont été déçus par l’absence de mesures futures et le président Trump a immédiatement et très vertement critiqué l’annonce de la Fed. Ci-après, les réactions de quelques sociétés de gestion. Esty Dwek, responsable de la stratégie de marchés, Dynamic Solutions, Natixis «L’annonce était en ligne avec nos attentes, et nous croyons qu’une troisième réduction avant la fin de l’année est toujours probable, même si l’inflation coeur et les gains horaires moyens ont augmenté. En effet, la faiblesse à l'étranger et l’incertitude persistante autour du commerce mondial devraient maintenir une certaine pression sur la Fed, comme en témoignent les données plus faibles sur le secteur manufacturier et l’investissement. La montée des tensions géopolitiques au Moyen-Orient, la faiblesse de l’Europe et le raffermissement du dollar restent des obstacles supplémentaires. (...) Les marchés devront peut-être ajuster certaines de leurs attentes avec un scénario d’assouplissement moins agressif, et les rendements peuvent continuer de dériver à la hausse, mais étant donné l’assouplissement en cours ailleurs dans le monde, nous ne nous attendons pas à une forte remontée des rendements.» Sophie Casanova, économiste Banques Centrales, Edmond de Rothschild «Comme nous l’anticipions, la Réserve Fédérale américaine a baissé de 25 points de base son taux Fed funds ce 18 septembre.La Fed a suggéré, à nouveau, que ses baisses de taux s’inscrivaient dans une approche préventive, c’est-à-dire prudentielle face aux risques économiques et commerciaux internationaux. Elle continue ainsi à laisser entendre qu’elle n’est plusdata dependent. Mais le ralentissement de la croissance du PIB américain s’est amorcée depuis le second semestre 2018. Bien plus, le moteur de la croissance, qui est la consommation des ménages, pourrait rapidement s’enrayer avec la hausse du prix du pétrole et la mise en place de la hausse des droits de douane sur l’ensemble des importations en provenance de Chine prévue pour la fin d’année. La détérioration des perspectives pour l’économie américaine n’est plus un risque, mais une réalité. Cela veut dire que les baisses du taux Fed funds ne sont pas un « ajustement de milieu de cycle » comme cherchait à nous en convaincre J. Powell en juillet dernier. Contrairement à ce que pouvaient penser certains investisseurs, la Fed est peut-être déjà un peu en retard dans son cycle d’assouplissement monétaire (...)» James McCann, senior economist, Aberdeen Standard Investments « Fed : sommes-nous à la fin d’un cycle ?Même si nous continuons à nous attendre à ce que la Fed réduise ses taux de 25 points de base en octobre et en décembre, il y a un risque évident qu’elle décide de faire une pause à la prochaine réunion avant d’agir endécembre. Cela repousserait la dernière baisse au premier trimestre de l’année prochaine, où la fourchette cible des fed funds atteindrait un plancher de 1,25 à 1,5 %.» Paolo Zanghieri, senior economist, Generali Investments «Nous attendons une nouvelle réduction de 50 points de base d’ici le premier trimestre de 2020. Le timing de cette réduction (octobre ou décembre) sera déterminé en fonction de l’évolution de Brexit, qui a été cité commel’un des principaux risques mondiaux pour l’économie américaine. Les risques restent orientés vers un mouvement plus agressif.» Emmanuel Auboyneau, gérant associé,Amplegest «Comme attendu, la FED a baissé ses taux de 25 points de base, ramenant l’objectif des FED Funds à une fourchette comprise entre 1,75% et 2%. Jerome Powell a tenté de ménager la chèvre et le chou en parlant des perspectives favorables de l’économie américaine, mais aussi d’une croissance mondiale plus faible et des risques commerciaux. Il a laissé la porte ouverte à une baisse plus importante si l’économie américaine venait à décélérer. Il se veut avant tout pragmatique et a indiqué que sa politique resterait très dépendante des indicateurs. Peu de surprise à nos yeux, donc. Il est toutefois de moins en moins sûr qu’une nouvelle baisse intervienne avant la fin de l’année. Ceci n’a pas manqué de faire réagir le Président Trump, qui parle du manque de tripes de Jerome Powell. Rien de nouveau sous le soleil…" Christian Scherrmann, économiste US, DWS «La Fed reste fidèle à elle-même. Une fois de plus, elle n’a abaissé les taux directeurs que de 25 points de base pour atteindre un corridor cible de 1,75 % à 2,00 %. Et, une fois de plus, la faiblesse de l’inflation ainsi que les risques liés à l’affaiblissement de la croissance mondiale et à divers conflits commerciaux, qui justifient une nouvelle réduction des assurances, en sont les raisons. En ce sens du moins, le président Trump a certainement influencé la politique de la banque centrale.(...) L'évolution des taux d’intérêt sur les marchés du refinancement de la liquidité à court terme a été plus étonnante ces derniers jours. Les taux d’intérêt pour le court terme ont bondi brusquement. Un certain nombre de raisons ont été invoquées par les négociants, dont certaines émanaient d’une certaine nervosité. La Fed elle-même a été surprise, alors même qu’elle prétendait que de telles évolutions n’auraient pas d’implications pour la politique monétaire. Davantage de liquidités ont déjà été et seront fournies à l’avenir. La décision d’abaisser le taux des dépôts à un jour de 2,10 % à 1,80 %, soit plus que le taux habituel de 25 points de base, était purement technique, a déclaré M. Powell. Reste à savoir si les marchés suivront cette évaluation. En fin de compte, nous interprétons la décision positivement, y compris le fait que tous les membres votants du FOMC n'étaient pas d’accord sur la réduction des taux. C’est exactement ce que l’on peut attendre d’une banque centrale indépendante en période d’incertitude.» Valentin Bissat, économiste & stratégiste, Mirabaud «La réunion de la Fedde septembre confirme le scénario d’une baisse intermédiaire et modérée des taux pour prolonger le cycle économique mais d’absence de nouveau cycle de baisse des taux aux États-Unis (4 baisses des taux d’intérêt anticipées par les investisseurs pour les 12 prochains mois). A la lumière des données économiques récentes, de la baisse des incertitudes commerciales et de la hausse récente de l’inflation, une baisse supplémentaire des taux n’est pas nécessaire à moyen terme. L’inflation devrait continuer d’augmenter légèrement durant le quatrième trimestre en raison d’effets de base positifs sur le prix des biens durables et de l’impact des frais de douane ; A travers son Président Powell, la Réserve fédérale peine cependant toujours à donner un cap clair à sa politique monétaire et à expliquer sa réaction en fonction des risques commerciaux et sur la croissance mondiale.» Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique, Unigestion «La décision est tout à fait en ligne avec les projections économiques, soulignant la situation encore satisfaisante sur le marché domestique et l’existence de risques externes («les exportations ont faibli»). Il est aussi intéressant de noter le nombre croissant de désaccords parmi les membres du comité, à l’instar de ce qu’on a pu observer lors de la récente réunion de la BCE. Dans l’immédiat, il y a peu de consensus en ce qui concerne la nécessité d’un assouplissement supplémentaire l’an prochain (…) Il ne s’agit que d’un ajustement de milieu de cycle. Nous observons actuellement un alignement des planètes: la situation macroéconomique est correcte, le sentiment général est favorable tandis que les valorisations sont également positives pour les actifs de croissance» Rick Rieder, chief investment officer of global fixed income,BlackRock «(…) En fait, nous pensons que la Fed aurait pu se permettre d’annoncer une baisse de 50 pb à l’occasion de cette réunion, et ils auraient pu faire une annonce courageuse selon laquelle cette décision rapprochait les taux de leur niveau d’équilibre cohérent avec ce que le Chairman a récemment décrit comme un «ajustement de milieu de cycle». Comme souvent, la fortune sourit aux audacieux, et alors que la Fed dispose d’une boîte à outils bien fournie à sa disposition, les taux d’intérêt ne sont pas historiquement très loin du zéro. En conséquence, chaque décision sur les taux à partir de là devrait être conçue pour faire passer un message fort, qui peut être beaucoup plus efficace que la poursuite du gradualisme et la recherche du compromis parmi les membres du FOMC. Il est intéressant de noter qu’il y a eu trois désaccords par rapport à la déclaration de politique au sein du comité, l’un en faveur d’un assouplissement plus important, et les deux autres se disant favorables à plus de rigueur»