Carmignac a décidé de s’interdire tout achat de titres russes «jusqu’à nouvel ordre», selon un communiqué diffusé lundi 7 mars. Dans le même temps, la société de gestion française s’engage à «gérer la sortie des titres encore présents dans les portefeuilles en prenant en compte les aspects extra-financiers ainsi que les conditions de marché afin de préserver l’intérêt de nos clients, notre objectif premier». «L’invasion russe pose désormais la question de l’éligibilité des titres russes à nos fonds. Nous sommes des gérants de conviction, animés par une éthique que nous traduisons dans notre politique d’investissement», justifie la boutique d’Edouard Carmignac. Pour les portefeuilles qui en détiennent encore, «notre exposition aux actifs russes est limitée entre 1% et 2% des fonds via des instruments obligataires», précise une porte-parole de la boutique, contactée par NewsManagers. En attendant une sortie totale de ces titres désormais indésirables, Carmignac a acheté des protections sur les marchés obligataires et de change pour couvrir les investissements en obligations «dans un contexte de forte volatilité et de dislocation sur les marchés compte tenu de l’environnement de liquidité et de sanctions», ajoute la porte-parole. Un article de Financial News publié le 7 mars montre pourtant que l’un des fonds Article 9 de Carmignac, le Carmignac Pf EM Debt FW EUR Acc, affiche une exposition de 15 % à la dette russe, selon des données de Morningstar. Interrogée à ce sujet, la société répond que ces chiffres mentionnés sont au 31 janvier 2022. Les chiffres au 28 février, qui illustrent la baisse, ne sont pas encore disponibles sur Morningstar et devraient l’être cette semaine, ajoute-t-elle. « Nous gérons activement notre exposition aux actifs russes, tant sur les marchés d’actions que de taux et de change. Aussi au cours de ces dernières semaines, nous avions adopté un positionnement plus prudent et avions graduellement réduit nos expositions dans le sillage de la dégradation de la situation. Dans un premier temps en réduisant l’exposition à certaines valeurs russes, puis au complexe russe dans son ensemble. Les événements les plus récents nous ont conduit à adopter un positionnement plus radical. A titre d’illustration dans le fonds Carmignac Portfolio Emerging Patrimoine, nous avons coupé nos positions actions russes d’une part et acheté des protections sur les marchés obligataires et de change dans un contexte de forte volatilité et de dislocation sur les marchés », complète une porte-parole de Carmignac. Plusieurs sociétés de gestion internationales ont récemment annoncé avoir cessé d’investir en Russie. C’est notamment le cas de BlackRock, Fidelity International et Abrdn. Réduction de l’exposition nette aux actions Carmignac annonce par ailleurs avoir ramené aux environs de 5 % l’exposition nette globale aux actions de ses fonds de la gamme Patrimoine, «principalement sous l’effet d’opérations de couvertures indicielles». A titre d’illustration, l’exposition nette aux marchés d’actions du fonds Carmignac Patrimoine était de 19 % début février; elle a été ramenée à moins de 2 % à ce jour. Plus largement, sur les marchés d’actions, les investissements de la maison de la Place Vendôme, surpondérés sur les Etats-Unis, sont désormais largement concentrés sur des segments défensifs comme la santé et la consommation de base et/ou offrant une bonne visibilité, raisonnablement valorisée, dans les secteurs des technologies de l’information et de la consommation. La part des sociétés de croissance à valorisation élevée a été très largement réduite. «L’identification des tendances «stagflationnistes» avant le conflit nous avait conduits à adopter un positionnement plus prudent et à réduire nos expositions aux actifs risqués», explique Carmignac. Sur les marchés de taux, «nous avons couvert notre exposition obligataire via des achats de protection sur les marchés du crédit et de la dette émergente et avons opté pour un positionnement visant à tirer parti de tensions sur les maturités intermédiaires», indique la maison de la Place Vendôme.