Il y a un peu plus de trois ans, la holding Rallye, contrôlée par Jean-Charles Naouri, vendait l’enseigne de chaussures de sport Courir à Equistone Partners Europe pour 283 millions d’euros. Aujourd’hui, le fonds entend profiter de la performance de sa pépite pour commencer à rentrer dans ses frais. Selon les informations recueillies par L’Agefi, il travaille en effet sur un «dividend recap». Pour ce faire, un refinancement avoisinant 250 millions d’euros serait à l’étude, ce qui porterait le levier d’endettement à près de quatre fois l’Ebitda (actuellement compris entre 60 et 65 millions d’euros). Car Courir a connu une croissance forte et régulière. L’enseigne a en effet enjambé la crise des Gilets jaunes, les grèves et la pandémie mondiale de Covid-19. Au moment de son rachat par Equistone, elle n’affichait qu’un Ebitda d’environ 38 millions d’euros, pour près de 250 magasins. D’ici à la fin de l’année, elle devrait en compter 320. La part des ventes réalisées sur internet est quant à elle passée de moins de 5% à 18%. A l’international, Courir s’est aussi montrée offensive. Elle s’appuie aujourd’hui sur une grosse quarantaine de points de vente détenus en propre, et autant en master franchise. Cession à venir «Depuis plusieurs années, nous assistons à un changement de comportement de consommateurs. Les sneakers – produits phares de Courir – ont pris une importante part de marché dans le secteur de la chaussure et survolent le cycle des modes», constate un banquier. De quoi rassurer à l’approche de ce refinancement, dont l’origine est intimement liée à l’historique de la transaction. «Lorsque Equistone est entré chez Courir, un levier d’endettement relativement faible avait été mis en place en raison des risques du dossier. A l’époque, il avait fallu procéder au carve-out de la maison mère, Go Sport, alors en difficulté», se remémore un proche du dossier. Un refinancement permettrait donc de revenir à un niveau de levier plus en phase avec les standards de marché, mais aussi de rebancariser le groupe à l’approche de sa cession. Equistone pourrait en effet se séparer de sa pépite dans les prochains mois, si tant est qu’un acquéreur se montre à la hauteur de ses espérances. Des fonds mais aussi des acquéreurs stratégiques pourraient se positionner. En 2018, le britannique JD Sports avait déjà tenté de racheter l’enseigne française – numéro un sur son marché domestique mais encore loin derrière l’américain Foot Locker sur la scène internationale.