Sylvie Terris, directrice générale déléguée d’Agrica Epargne à la rédaction d’Option Finance : «Aux côtés des mandats de gestion financière que nous confie le groupe Agrica, nous avons aussi des mandats de suivi et de conseil que nous sommes en train de transformer en contrats de prestation. Souscrits il y a une dizaine d’années, ces mandats ne reflétaient plus l’environnement actuel tant au niveau réglementaire que de la tarification. Les nouveaux contrats vont contenir un descriptif précis de nos différentes tâches : reportings réguliers sur la politique interne ISR, commentaires sur les placements réalisés par les gestionnaires tiers, Amundi et Groupama AM, rapports d’ordre économique et prévisionnel sur les marchés, conseils sur la sélection de FCPI, FPE ou autre produits. Nous réfléchissons aussi à faire évoluer notre modèle économique pour répondre à nos nouvelles contraintes de compte d’exploitation. Les efforts tarifaires que nous avons déjà dû consentir et l’évolution de la réglementation liée notamment à l’entrée en vigueur de MIF 2 en 2018 nous conduisent à rechercher de nouvelles économies et rentrées financières. Nous avons ainsi pour projet de réinternaliser une partie de la gestion financière du groupe Agrica par la reprise d’un fonds dédié actions. Dans ce cadre, nous sommes en train de soumettre à l’AMF un dossier d’agrément d’extension de notre périmètre d’activité en renforçant nos équipes en interne et en mettant en place les moyens nécessaires à cette nouvelle activité d’Agrica Epargne. Si notre gestion se révèle performante, elle nous permettra, d’une part, de mieux nous comparer à nos gestionnaires et, d’autre part, d’étendre cette expertise, éventuellement à des investisseurs tiers.» «Agrica Epargne gère six portefeuilles d’institutions de prévoyance globalement investis à hauteur de 20 % en actions, contre une allocation stratégique moyenne de 18 %. Nous sommes donc volontairement surinvestis à hauteur de 2 %. Il en va de même pour notre portefeuille Arrco investi à 33 % en actions, soit une surpondération de 3 %. Nous avons néanmoins commencé à prendre quelques bénéfices, et plus particulièrement sur les obligations convertibles. Chez Agrica Epargne, ce segment, intégré dans la poche actions, avait toujours représenté une part importante de celle-ci en s’élevant autour de 15 à 20 %. Si ce positionnement nous permettait de limiter notre exposition aux marchés pendant les périodes de baisse, nous considérons aujourd’hui qu’elles ont beaucoup moins d’attrait pour plusieurs raisons. D’abord, les spreads, ou primes de risque, sur les taux sont au plus bas et vont nécessairement remonter compte tenu de la fin du cycle baissier sur les taux. De plus, les obligations convertibles sont aujourd’hui beaucoup plus protectrices pour les émetteurs que pour les investisseurs. Enfin, leur valorisation – eu égard à la volatilité implicite – devrait rester basse. Nous sommes donc en train de ramener ce poste autour de 5 à 10 % de notre poche actions. Ensuite, même si nous conservons une exposition très marquée sur les actions européennes, les marchés émergents nous paraissent beaucoup plus porteurs, ce qui devrait nous conduire à augmenter leur part en portefeuille, qui pourrait passer de 4 % actuellement à 5, voire 6 % à l’avenir. En revanche, nous sommes moins confiants envers les actions américaines. Nous conservons cependant une petite exposition sur ce marché, car en cas de retournement boursier, cette zone géographique est plus résiliente.»