A chacun son tour. En 2014, les marchés attendaient un rebond de l’Europe. Ce sont finalement les Etats-Unis qui ont soutenu les Bourses mondiales. En 2015, mêmes attentes, mêmes discours: les arguments en faveur des marchés européens étaient au début de l’année, parfois mot pour mot, identiques à ceux tenus douze mois plus tôt. Mais cette fois-ci, les prévisions se sont réalisées, et dans des proportions totalement inattendues. En un trimestre, les actions européennes ont rattrapé leur écart de valorisation avec les actions américaines. Le CAC 40 a passé, au mois de mars, la barre symbolique des 5.000 points, frôlant les 20% de performance depuis le début de l’année, soit le meilleur premier trimestre depuis celui de 1998 et ses 29,24% de hausse. Les mesures d’assouplissement quantitatif (QE) initiées au début du mois de mars par la Banque centrale européenne, conjointement à l’annonce d’une prochaine hausse des taux aux Etats-Unis, ont fait oublier aux investisseurs leurs doutes sur la santé de l’Europe. Même l’évocation d’une sortie de la Grèce de la zone euro ne fait plus frémir les marchés, alors que certains économistes considèrent que la concrétisation de cette éventualité provoquerait un «séisme européen» et que ce sont les difficultés de ce pays qui avaient, dès les premiers mois de l’année 2010, marqué le début de la crise des dettes souveraines européennes. Les logiques de flux l’ont aujourd’hui emporté sur toute autre forme de raisonnement.