La BaFin s’étant visiblement trompée de cible, en préférant poursuivre les critiques plutôt que l’entreprise, il revient désormais au régulateur européen de faire la lumière sur le scandale Wirecard. L’Autorité européenne des marchés financiers (Esma) a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête, notamment sous l’impulsion de la Commission européenne. «Nous demanderons à l’Esma d’enquêter sur d'éventuelles défaillances en matière de surveillance et, si elles sont avérées, de définir un éventuel plan d’action», a déclaré Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission, dans une interview au Financial Times. Selon les résultats de l’enquête préliminaire, l’exécutif européen pourrait lancer une enquête formelle pour déterminer si le régulateur allemand a enfreint la loi européenne sur les rapports financiers, a expliqué Valdis Dombrovskis. «Nous devons clarifier ce qui n’a pas fonctionné», a-t-il souligné, ajoutant que l’Esma devra apporter une réponse d’ici la mi-juillet. Ironie de l’histoire, l’autorité européenne avait approuvé en février 2019 le veto de la BaFin sur les ventes à découvert d’actions Wirecard, au nom d’une possible menace «pour le système financier». Egalement vendredi, la Financial conduct authority (FCA) a annoncé avoir suspendu les activités régulées du groupe allemand via sa filiale locale Wirecard Card Solutions Limited en raison des «événements en cours en Allemagne». De droit britannique, Wirecard Card Solutions Limited est autorisée et supervisée par la FCA pour l’émission de monnaie électronique (cartes prépayées…) et pour d’autres services de paiement. Depuis vendredi, la filiale ne peut pas se délester d’actifs ou de fonds, ne peut plus exercer d’activités réglementées et a dû faire une déclaration sur son site internet pour prévenir ses clients. La situation est différente en France, où Wirecard exerce via sa filiale Wirecard Bank grâce à une autorisation de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) dans le cadre du passeport européen. Sollicitée par L’Agefi, l’ACPR a indiqué qu’elle «ne commente pas les cas particuliers» tout en précisant que la mention de Wirecard dans son registre des agents financiers concerne bien Wirecard Bank, agréée en Allemagne et autorisée par son superviseur à intervenir en libre prestation de services dans d’autres états de l’Union européenne. Il revient donc au superviseur allemand de prendre les mesures spécifiques.