Suite à la réélection ce dimanche d’Angela Merkel et à l’entrée du parti d’extrême-droit AfD au Parlement allemand à l’occasion des élections législatives, NewsManagers vous propose quelques commentaires de gérants. La réélection d’Angela Merkel n’a créé aucune surprise mais les gérants restent attentistes quant à sa capacité à pouvoir créer une nouvelle coalition.Montpensier Finance :Le score décevant réalisé par le parti d’Angela Merkel et ses alliés pourrait remettre en cause l’accélération de l’intégration européenne autour d’un axe franco-allemand, plébiscitée par les observateurs depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République Française.Une coalition avec deux partis aux aspirations aussi divergentes que celles des écologistes et des libéraux réduit considérablement la visibilité sur la politique que pourra mettre en place la Chancelière fédérale dans les années à venir. La bonne nouvelle pour les entreprises et les investisseurs vient de la pression à la baisse qui pourrait revenir sur l’euro. Un euro faible est bon pour l’économie européenne. Au-delà de la lecture purement politique, le calendrier monétaire de la Banque Centrale Européenne pourrait en être modifié. Lors de sa dernière conférence de presse Mario Draghi a pourtant clairement balisé la trajectoire. Réduction des achats à partir de 2018 puis hausse des taux lente et progressive, vraisemblablement pas avant 2019. Mais le mandat du Président de la BCE s’arrête en novembre 2019 et la nomination de son remplaçant viendra sur le devant de la scène dès l’an prochain. Un gouvernement Merkel moins fort rend-elle moins plausible la nomination d’un faucon allemand à la tête de la BCE ? Peut-être…State Street Global Advisors : Elliot Hentov, directeur EMEA, Politique et recherche – Institutions officielles « Le succès de l’Alternance pour l’Allemagne (AfD), parti populiste d’extrême-droite, se propage dans la politique allemande, privant Angela Merkel des options de coalition classiques. Elle doit maintenant expérimenter avec la première coalition tripartite de l’histoire allemande (sans compter l’Union chrétienne-sociale (CSU), son parti frère bavarois). A trois, gouverner va requérir davantage de négociations et de coordination. D’autre part, les divergences politiques entre les partis demeurent profondes et les Verts (Alliance 90) comme le Parti libéral-démocrate (FDP) ont tout intérêt à être des partenaires fermes. On ne s’attend donc pas à ce qu’un gouvernement soit formé rapidement ou fasse preuve de la stabilité allemande habituelle. Aujourd’hui, l’Allemagne devient moins prévisible, et les marchés devront en prendre note. Le résultat de ce soir est une mauvaise nouvelle pour Angela Merkel mais aussi pour Emmanuel Macron. » Columbia Thraedneedle : Philip Dicken, Head of European equitiesLa zone euro a repris du poil de la bête. Alors que certains investisseurs avaient délaissé les actions européennes, les considérant trop risquées suite aux rebondissements politiques inattendus des dernières années, les perspectives semblent s’améliorer pour le vieux continent. Si Angela Merkel sort victorieuse des élections en Allemagne, nous voyons cinq arguments favorisant les marchés actions du vieux continent. 1. La victoire anticipée d’Angela Merkel restaurera la confiance en Europe2. La vague populiste s’affaiblit3. Une augmentation marquée de l’activité manufacturière4. Des valorisations relativement attrayantes5. La croissance tant attendue des bénéfices se confirmeNewton Investment Management (BNY Mellon IM): Nick Clay, Gérant Actions Internationales«La réélection d’Angela Merkel n’a rien de surprenant. En effet, l’économie allemande reste l’un des principaux bénéficiaires du Projet européen et connaît actuellement une croissance robuste grâce aux répercussions du programme de relance initié par la Chine en 2016. Cependant, l’accueil favorable réservé par les marchés à l’annonce de la victoire d’Angela Merkel pourrait, selon nous, s’avérer prématuré. Les marchés semblent avoir perçu l’élection d’Emmanuel Macron en France comme le point de rupture de la montée des populismes et anticipent désormais un retour à la normale sur la scène politique. Le Brexit est dès lors considéré comme un événement isolé, une erreur de parcours. Cependant, nous pensons que cette perception pourrait être erronée, comme nous montre le score meilleur que prévu enregistré aujourd’hui par la formation d’extrême - droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), aux alentours de 13,5% selon les premières estimations, qui devient, de ce fait, la 3ème force politique en Allemagne. Avant d’être élu à la présidence de République Française, Emmanuel Macron était un outsider, encore relativement inconnu du monde politique il y a un an : il a pourtant remporté la victoire. Cela n’est pas sans rappeler l’avènement de Donald Trump (bien que l’approche soit radicalement différente), dans la mesure où ces deux résultats représentaient l’expression d’un vote à l’encontre des partis en place. Les populations restent en quête de changement et de rupture, et le statut quo ne fait plus recette. Le Brexit et l’élection au Royaume - Uni incarnent justement cette soif de renouveau. Par conséquent, il serait dangereux, selon nous, d’associer la réélection d’Angela Merkel à la fin de la vague populiste. De la même manière, il serait dangereux de considérer comme sans risque les élections à venir l’année prochaine en Italie et la perspective du référendum sur l’indépendance de la Catalogne. La soif de changement est loin d’être étanchée. Pimco : Andrew Bosomworth, Head of German Portfolio ManagementNous considérons le succès de l’AfD comme un vote de protestation contre la grande coalition sortante, en particulier en ce qui concerne la manière dont Merkel a traité la crise des réfugiés. Au-delà de l’immigration, cependant, l’AfD est profondément divisé. Bien qu’il soit directement élu au Bundestag, la coprésidente de l’AfD, Frauke Petry, s’est séparée de son parti lundi matin en réaction à une opposition fondamentale contre ses tendances de droite. Certains partisans de l’AfD peuvent aspirer au Deutschmark, mais la grande majorité des Allemands voient l’avenir de leur pays dans l’euro. L’Allemagne moderne n’est pas la République de Weimar. Si les spreads des pays périphériques devraient se tendre dans les semaines qui viennent en raison de préoccupations concernant l’engagement de l’Allemagne envers le projet européen, nous considérerions cela comme un bruit et une occasion de s’alléger.